Valérie Leulliot

Autour de Lucie, qui a sorti quatre magnifiques albums en dix ans, n’existe plus à ce jour. Sa "pièce maîtresse", Valérie Leulliot, seul membre permanent du groupe dont la formation a varié au fil du temps, s’échappe en solo, avec son premier opus, "Caldeira". Sébastien Lafargue, bassiste de la dernière mouture d’Autour de Lucie, est venu lui prêter main forte pour donner naissance à cet album.

"Caldeira" ne marque pas de franche rupture avec l’univers si attachant d’Autour de Lucie, il s’inscrit plutôt dans un prolongement naturel. On retrouve le côté intimiste, élégant, mélancolique et lumineux à la fois des albums du groupe. Mais ici, Valérie Leulliot s’inscrit dans un registre plus folk, plus dépouillé. Dans un climat où le vague à l’âme est installé en filigrane, ces onze titres dépeignent des paysages oniriques, vaporeux que l’on contemple avec recueillement et qui flattent notre imagination (un fil rouge que l’on ressent de façon similaire dans "L’Horizon" de Dominique A).

Les thèmes de la relation à l’autre et de la solitude sont au cœur du sujet , avec comme décor principal, la nature. Il est ici question de falaises, de volcans, de plages, de fleuves, d’eau… Un mélange de chaud et de froid tout en subtilité… "Caldeira", qui signifie "chaudron" en portugais, est utilisé pour désigner le phénomène d’éruption interne d’un volcan. Cette dichotomie constante entre dépression et chaleur (Un Cœur Gelé, Pyromane…) est portée par le timbre si singulier de Valérie, dont la voix à la douceur veloutée et feutrée reste toujours aussi charmante. La chanteuse égraine ses mots et sa sensibilité à fleur de peau sur des compositions simples, basées sur un alliage de mélodies guitare-voix, agrémentées ça et là de divers instruments et d’arrangements bien dosés. A noter que Miossec signe les paroles de Mon Homme Blessé, un morceau taillé sur mesure pour ouvrir magnifiquement l’album.

"Caldeira" est un bel écrin renfermant des chansons où la lenteur et l’apesanteur arrêtent naturellement le temps. L’ensemble de cet édifice poétique et fragile forme un cocon accueillant, dans lequel il fait bon de se réfugier et dont on ne souhaite vraiment pas s’échapper.