"> Valerio Tricoli - Miseri Lares - Indiepoprock

Miseri Lares


Un album de sorti en chez .

9

Décidément, PAN records aura marqué cette année musicale plus d'une fois, s'imposant ainsi comme le label le plus pertinent en matière de musiques électroniques expérimentales. En apportant son cortège d'innovations, ce dernier n'a rien à envier aux soi-disant géants du domaine tel que Warp, et ce n'est pas ce second album solo de l'italien Valerio Tricoli qui prouvera le contraire.

Malgré un disque en collaboration avec Thomas Ankersmit et Fabio Selvafiorita intitulé « Death By Water », et un split plus récemment en duo avec Bill Kouligas, qui n’est autre que celui qui tire les ficelles de PAN, ce compositeur de musique concrète expérimentale n’en est qu’à son deuxième opus, qui fait suite à « Metaprogramming From Within The Eye Of The Storm » sorti déjà en 2006. Valerio Tricoli a donc pris son temps, ne s’écartant pas pour autant de l’ambiance pesante de ses réalisations antérieures.

Avec « Miseri Lares », que l’on peut traduire littéralement par « misérable maison », tout est justement question de tension. L’attention de l’auditeur est mise à rude épreuve à chaque instant de l’œuvre, tout est fait pour l’immerger dans un environnement sonore macabre, où l’écoute se transforme en une crainte de l’événement à venir. Il suffit pour s’en convaincre de surmonter les abîmes du titre d’ouverture La Distanza. Long de plus d’un quart d’heure, il ouvre les portes de cette misérable maison dont l’auditeur est désormais prisonnier. Dès lors, il ne peut plus s’en défaire, attiré paradoxalement par un univers claustrophobique progressivement hanté par des voix humaines dont il est difficile de cerner la langue. Ce traitement des voix, Valerio Tricoli va justement en faire le paradigme de sa composition.

Mais l’ingéniosité de l’italien ne s’arrête pas là. Jamais le titre de l’ouvrage de Luigi Russolo « L’Art Des Bruits » n’avait paru si réaliste que dans le cas présent. Sur Hic Labor Ille Domus Et Inextricabilis, Valerio Tricoli agence les bruits qu’il manipule pour faire naître de véritables interactions rythmiques. Cette manipulation du matériau bruitiste devient ici un art majeur. Et que dire de cette sublime utilisation du piano dans le titre Das Shräge Haus, emprunt d’une infime réverbération ? Il laisse s’échapper dans la plus grande douceur l’extrême tension de ses demi-tons.

Autant dire qu’un tel album se mérite. Il réclame une posture d’écoute toute particulière, exigeant de l’auditeur la plus grande soumission pour vivre pleinement et ressentir le phénomène sonore dans son entier. C’est le genre d’œuvre qui ne laisse pas indifférent tant le chemin à parcourir est éprouvant pendant une heure et dix-sept minutes. A chaque écoute, cet album achève un peu plus son auditeur, et ce n’est ni plus ni moins que la marque des chefs d’œuvre.

Chroniqueur

Tracklist

  1. La Distanza
  2. Hic Labor Ille Domus et Inextricabilis
  3. Error
  4. In The Eye of The Cyclone
  5. Das Schräge Haus
  6. Le Qoheleth
  7. Miseri Lares
  8. In Your Ruins Is My Shelter

La disco de Valerio Tricoli