On a cru l’espace de quelques semaines que Muse allait être le seul groupe à pousser aussi loin la recherche de la pochette laide. Les Australiens de Wolfmother relèvent heureusement le défi avec maestria, nous offrant un dessin de science-fiction très prog-rock millésime 1973. Avec un goût très sûr, le livret permet d’ailleurs de décliner […]
On a cru l’espace de quelques semaines que Muse allait être le seul groupe à pousser aussi loin la recherche de la pochette laide. Les Australiens de Wolfmother relèvent heureusement le défi avec maestria, nous offrant un dessin de science-fiction très prog-rock millésime 1973. Avec un goût très sûr, le livret permet d’ailleurs de décliner la thématique de la ponte spatiale massive sur quelques vignettes du plus bel effet. Toute plaisanterie mise à part, on regrette qu’un packaging soigné soit à ce point gâché par un artwork ridicule.
Pour le reste, l’oeuf, fut-il cosmique, s’avère bien difficile à gober. Fallait-il imposer seize (16 !) morceaux et 72 minutes d’écoute ? Wolfmother a tranché, oubliant malencontreusement qu’en musique comme ailleurs, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. On devine pourtant une certaine ambition dans l’approche, on sent qu’Andrew Stockdale et les siens aimeraient défier les fantômes des poids lourds du heavy-rock à guitare des seventies, ce qui en soi n’a rien de répréhensible. Ceci étant, prétendre chatouiller Led Zeppelin, Black Sabbath ou Deep Purple et finir avec une resucée anémique de Guns’n’Roses, c’est pour le moins fâcheux. « Oeuf Cosmique » ? Peut-être ; flan stellaire, assurément.
L’entreprise ployant sous le poids de sa propre prétention, on n’en pointera qu’avec parcimonie les plus flatulentes lourdeurs – pas la peine de tirer longtemps sur une ambulance qui se dirige avec une telle détermination vers le mur le plus proche. Ce qui étonne en premier lieu, c’est que le groupe n’ait pas pris conscience de ses limitations : vouloir pratiquer un rock lourd et couillu n’est pas honteux, le genre a produit une poignée de chefs-d’oeuvre. Pour que la formule prenne, cependant, il faut des chansons, des riffs, de l’accroche. Rien de tout ça ici, les morceaux se succèdent d’abord dans l’anonymat puis dans la consternation. Inexplicable aussi, cette production aseptisée : le son est d’une platitude déconcertante, un comble pour un groupe qui cherche à s’ériger en référence du rock lourd et puissant et pour Alan Moulder qui n’est pourtant pas le premier quidam venu. « Cosmic Egg » dégage à quelques titres près la même impression de puissance qu’un bol de blancs battus en neige.
Cette année, le rock à guitare a ployé sous les assauts furieux de Future Of The Left, entre autres – le genre est différent, convenons-en, mais c’est bien vers eux qu’il faut se tourner pour comprendre ce qu’est une guitare électrique, ce qu’est un brûlot rock en 2009. Wolfmother, avec son petit pensum prétentieux et raté, peut ranger son pantalon en cuir et retourner à ses études. Le plus vite sera le mieux.
- Publication 690 vues27 novembre 2009
- Tags WolfmotherUniversal
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