Dépositaire d'une " folk dream pop" un brin facile, le duo américain allait-il prendre plus d'épaisseur avec ce nouvel opus ?
C’est un fait, les précédents albums du duo de Baltimore, même si le dernier en date pouvait se targuer de démontrer que ses auteurs progressaient dans l’art de la composition, ont en commun d’offrir une musique au mieux bien ficelée, agréable, au pire parfois ennuyeuse et, dans tous les cas, sans grandes aspérités. Depuis « Civilian », qui a permis au duo d’élargir son public, trois ans ont passé, ce qui pouvait laisser présager une volonté de peaufiner la suite plutôt que battre le fer pendant qu’il était chaud pour enfoncer trop vite le clou du succès.
« Shriek » s’ouvre sur quelques notes de synthé, tendance vintage. Ce n’est pas particulièrement inédit dans l’absolu, mais c’est déjà une petite révolution pour un groupe aux chansons jusque-là charpentées par les guitares. Toutefois, si les sonorités changent un peu, le fonds de commerce de Wye Oak est toujours là, à commencer par le chant fluide, bien posé, mais toujours (trop) mesuré de Jenn Wasner, et les mélodies évoluent sur un mid-tempo calé sur la batterie d’Andy Stack. Des mélodies qui confirment indéniablement la belle assurance du duo et peuvent même donner lieu à de vrais moments réussis, au premier rang desquels on placera le soigné Before et bien évidemment le joliment troussé Glory, taillé aussi bien pour satisfaire les amateurs d’indie-pop qu’attirer dans ses filets de potentiels auditeurs plus habitués aux ondes Fm. C’est bien là la principale force et faiblesse de Wye Oak et une nouvelle illustration de la problématique « middle of the road » définie par Neil Young il y a bien longtemps. Car à force de ménager la chèvre et le chou, d’enchaîner des morceaux inspirés ou un peu moins (on ne peut pas faire mouche à chaque fois), avec une certaine neutralité, on ne convainc qu’à moitié.
« Shriek » recèle pourtant au moins un moment, avec Paradise, de ce qu’aurait pu être cet album avec plus d’audace. Sur ce morceau, le duo mêle sonorités métronomiques et ligne de guitare tendue, le jeu de batterie s’affole, la dynamique se complexifie. Mais l’enchaînement avec le mollasson et faiblard I Know The Law casse l’effet et renvoie le duo a ses travers. Bref, avec « Shriek » Wye Oak a globalement de bonnes chances de s’installer définitivement dans le paysage, révèle une volonté certaine d’aller de l’avant, mais reste tout de même très timoré. À suivre quand même.
- Publication 583 vues2 mai 2014
- Tags Wye OakCity Slang
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Tracklist
- Before
- Shriek
- The Tower
- Glory
- Sick Talk
- Schools of Eyes
- Despicable Animal
- Paradise
- I Know the Law
- Logic of Color
- Before - Variation
- Shriek - Variation
- Sick Talk - Variation
- The Tower - Variation
- Logic of Color - Variation