"> Dour 2007 - Indiepoprock

Dour 2007

Et c’est reparti pour un petit Dour… Première journée chaude mais peu ensoleillée malgré la bonne humeur des festivaliers, les chansons d’Eté 67 et les deux belle étoiles d’AaRON. Ce fut tout de même suffisant pour nous plonger dans le bain.

12 juillet

Pour attaquer nous avons choisi d’aller voir les français d’I love UFO (photos n°1 et 2), patriotisme oblige. Si musicalement ça se défend, on a du mal à rentrer dedans. Car ce qui pourrait passer pour de la nonchalance voulue et charmante chez certains, apparait clairement comme un manque d’assurance chez eux et le tout donne une impression de fouillis sonore mal maîtrisé. Heureusement pour eux, le public de bonne constitution, venu pour se défouler, a de l’énergie à revendre et le rock noisy d’I love UFO réussit à animer quelque peu les corps à défaut de réchauffer les coeurs.

Rien à voir avec la prestation réussie du duo très en vogue de dandys AaRON (photos n°3, 4 et 5), dont les membres ont juste à montrer l’ourlet de leur costume pour déclencher les cris d’hystérie des fans amourachées. C’est avec l’unique titre en français qu’ils débutent leur concert. Dès le deuxième morceau, Simon se sent suffisamment à l’aise pour se lancer dans une danse endiablée, le tout dans un superbe halo de lumière rouge. . Certes U-Turn (Lili) vire rapidement à la séance karaoké et Bachelorette, la reprise de Björk semble bien palotte bien que l’intention soit bonne, mais il y a quelques bons moments comme Little Love interprétée à la manière d’une berceuse enfantine ou Blow et O-Song et leurs rythmiques hyper accrocheuses. Loin du show son et lumière magistral des Bouffes du Nord en mai dernier, ce concert reste quand même plaisant.

Seul groupe belge et seul concert en plein air vu ce jour : il s’agit d’Eté 67 dont le batteur a choisi une tenue de circonstance – il est torse nu. Si officiellement nous sommes bien en été, la météo lui fait défaut vu qu’il pleuvra durant l’intégralité du concert. Le public est nombreux et habitué des prestations des liégois, vu qu’ils jouissent ici d’une autre renommée qu’en France. Bien sûr, ils jouent tous leurs tubes: Tu N’Es Pas LàMarcher DroitLe Quartier De La Gare… mais ménagent des pauses avec deux reprises, une de Jacques Dutronc et une du Velvet Underground, unique titre en anglais, moins convaincant. On déplorera l’absence de Restaurant Chinois mais le concert est correct dans l’ensemble.

Ainsi donc, les impressions de cette première journée sont à l’image du temps : mitigées. Il y a fort à parier que le lendemain sera plus attrayant.

Crédit photos: Maddy Julien

13 juillet

Grosse journée, riche en concerts de qualité et en slaloms entre les scènes, malheureusement, même si on le voudrait on ne peut pas assister à tous les concerts faute de temps et à cause des chevauchement d’horaires mais on a fait le plein de bon son et on peut l’affirmer haut et fort : vendredi 13 juillet jour de chance ! Pas de pluie, pas d’annulation de dernière minute et pas de mauvaise prestation, pourvu que ça Dour…

Malgré la boue et l’heure peu tardive, beaucoup de monde se pressait autour de la grande scène pour voir My Little Cheap Dictaphone (photos n°1, 2 et 3), faux cowboys mais véritables héros de l’après-midi. Si on pouvait s’attendre à de la pop sucrée, c’est avec des titres très rock qu’a débuté ce concert. Il y a certes un côté retro mais la voix assurée de Redboy sert à merveille ces compositions entraînantes et réellement originales. Vers 15h, une partie du public s’aventurera dans la boue pour rejoindre la scène sur laquelle se produit Sean Lennon, dommage pour eux puisqu’ils rateront le quart d’heure « chansons d’amour » suivi du quart d’heure américain, et du quart-d’heure « chansons country » qui verra pas moins de dix personnes monter sur scène pour danser et chanter, laissant des souvenirs aux musiciens ravis. Oui, My Little Cheap Dictaphone est un groupe à part entière et non pas juste l’autre groupe d’un des membres d’Hollywood Porn Stars.

Est-ce la tradition pour les groupes belges ? Inviter le public à les rejoindre sur scène ? En tout cas cela sera nettement moins suivi par les jeunes filles composant le public de The Tellers (photos n°4 et 5). Cette nouvelle sensation pop librement inspirée de leurs aînés Girls in Hawaii déclenche l’hystérie et on se demande toujours pourquoi. Leur EP six titres nous a charmé et c’est donc naturellement qu’on attendait de voir le rendu en concert, hélas le résultat n’est pas concluant. Ils choisissent d’entamer avec More, leur mini tube, faisant danser et chantonner gentiment les filles. Si l’ensemble est bien mignonnet, le style sensiblement toujours le même finit par lasser.

Sharko 
(photos n°6, 7 et 8), troisième groupe belge de la journée a rompu avec la tradition car ce n’est pas le public qui est monté sur scène mais David qui est allé prendre un bain de foule pendantMotels, titre phare de l’excellent dernier album en date  »Molecule », dont la boucle est diablement entêtante et ô combien efficace. Les tubes s’enchaînent : Sweet Protection, No More I Give Up,Sugarboy, No Contest devant un public fort réceptif et à l’energie aussi débordante que celle dont font preuve les trois musiciens. Sharko, groupe réputé pour ses prestations scéniques mémorables n’a pas déçu, bien au contraire…

Le festival de Dour accueille des artistes d’horizons divers : c’est ainsi qu’en milieu d’après-midi nous avons fait la connaissance du duo américain atypique A Hawk And A Hacksaw. Si leur nom revient très souvent aux côté d’Arcade Fire ou Beirut, ce n’est pas un hasard. Leur musique s’inscrit tout à fait dans cette lignée mais on n’oubliera pas de verser quelques royalties à Andrew Bird. L’ambiance est festive et les morceaux de folkore hongrois soulèvent la foule. les deux musiciens alternent morceaux chantés et instrumentaux dans un rythme effréné et si on a parfois l’impression de déjà entendu, ils gardent leur originalité car ils s’appuient davantage sur du folkore typique et ont de fait moins américanisé leur musique. En tout cas on retiendra surtout une ambiance des plus sympathiques.

Côté ambiance, les New Yorkais de The Rapture ne sont pas en reste. A l’heure du dîner ils ont su captiver le public de la grande scène et celui des stands de nourriture alentour qui bougeait sur place le sandwich à la main, si ça ce n’est pas fort…

Par contre pour créer de l’ambiance il ne suffit pas d’avoir un groupe sincère et des compositions de qualité. car The National (photos n°9 et 10), programmés à 16h n’a pas bénéficié de conditions propices, en plein jour sous un soleil de plomb et c’est fort regrettable.

Ralph Mulder, le chanteur d’Alamo Race Track (photos n°11, 12 et 13) a lui aussi commencé le concert du mauvais pied. Malgré Don’t beat this dog en introduction et autres titres du très bon « Black Cat John Brown » on l’a senti nerveux et son chant en a pâti. Heureusement au bout de quatre morceaux sous les encouragements du public il cède au naturel, allant même jusqu’à jouer au ballon devant le regard amusé des spectateurs. Kiss Me Bar, basé sur une rupture de rythme, est superbe et le dernier morceau, sur lequel Ralph, totalement libéré, se laisse aller à une danse exutoire crée un électrochoc sur un public tout acquis à la cause des néerlandais.

Crédit photos: Maddy Julien

14 juillet

Comment patienter jusqu’au concert tant attendu des Girls in Hawaii ? Voilà la question du jour. Comme beaucoup de personnes c’est avec un mélange de curiosité et d’excitation que nous attendons le retour des très sympathiques Wallons sur leur scène attitrée la Red Frequency Stage, après près de deux ans de vadrouille outre-Atlantique. Une solution efficace que nous finirons par adopter consiste à se placer devant cette scène dès le début de l’après midi. Coup de chance, cela nous permettra de voir trois concerts qui en valaient la peine.

Il faut bien que ça arrive à quelqu’un, ce jour là c’est tombé sur Sioen (photos n°1, 2 et 3), groupe flamand emmené par le pianiste-chanteur Frederick Sioen. A voir la concentration humaine, on ne peut douter de la renommée et du succès mérité que remporte le quintet dont le talent n’a d’égal que la sympathie. Que ce soit sur des titres du tout récent « A Potion » comme Communicate et sa basse à faire trembler le sol boueux, I Need A Drug sur lequel Frederick prend un malin plaisir à maltraiter son piano ou encore What I Fail To Understand aux paroles cinglantes, la prestation est à la hauteur des attentes. Les morceaux plus anciens ne sont pas en reste, Who Are You Driving Mad ? voit Frederick lâcher son piano pour se donner en spectacle au centre de la scène pour un rock impressionnant. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, Sioen est loin de n’être qu’un groupe de pop.

Tout comme The Frames ne font pas que de la musique d’ambiance. Les chansons à la construction prévisible de The Frames s’écoutent bien mais ont un petit plus qui les rend attachantes et leur permet de s’inscrire pour un temps dans la tête des auditeurs qui donneront volontiers de la voix surPeople Get Ready ainsi que sur le tout dernier titre Star Star qu’ils chanteront couchés dans la boue à la demande de Glen qui demandera cette faveur après s’être assuré que Dour était bien le festival le plus sale de Belgique !

Toujours sur la même scène, Two Gallants (photos n°4 et 5)  qui sont deux il fallait s’en douter, proposent des compositions longues, fouillées malgré le peu d’instrumentation et au fort pouvoir électrisant. D’expérimentations improvisées on passe à des chansons plus conventionnelles avec parfois un léger côté naïf mais le tout titille l’oreille de façon plaisante.

La nuit tombe et nous rejoignons une salle couverte pour un changement des plus radicaux avec Griots and Gods featuring The Young Gods and Dälek (photos n°6 et 7), véritable curiosité tant par les membres qui composent ce super groupe que par la musique qu’ils nous servent. Si certains passages voient les expérimentations sonores poussées tellement à l’extrême qu’on en perd le fil, la plupart des morceaux sont réellement hypnotisants, que ce soit du rap sur fond de musique électro ou des ambiances flottantes rappelant le Inertia Creeps de Massive Attack.

C’est hors de ce projet mais avec son groupe d’origine The Notwist (photos n°8 et 9) que Micha Acher est revenu à Dour. Plébiscités par le public, ils ont commencé avec Pick Up The Phone,réclamé à corps et à cris durant les balances. Leur électro ambient plaît malgré quelques lenteurs. C’est pourtant la mort dans l’âme que nous quittons cette scène lors d’un très bel instrumental au lointain air de ressemblance de Pilot, le concert des Allemands empiétant sur celui des enfants prodiges du rock belge.

La bande des six a choisi de proposer un tout nouveau set livrant au public ravi pas moins de six nouveaux morceaux. L’attente a été longue : deux ans nous séparent du dernier concert belge de Girls in Hawaii (photos n°10, 11 et 12) au Verdur Rock, et le risque de déception est encore plus grand. Qui aime bien châtie bien : ‘il ne s’agissait pas là du meilleur concert de GiH qu’il nous aît été donné de voir. Le démarrage est lent, les remarques déplacées du public pas toujours très frais vu l’heure tardive deviennent vite agaçantes et l’interprétation de chansons bien connues déçoit quelque peu par rapport au souvenir qu’on en avait. Heureusement la deuxième moitié est très convaincante. On retrouve avec plaisir le sautillant instrumental Road To Luna mettant en scène le bassiste danseur, le premier tube Found In The Ground ou encore l’excellent Organeum. Les trois derniers nouveaux morceaux aux ambiances plus sombres et nettement moins pop surprennent agréablement : cela laisse présager un intéressant deuxième album. Enfin l’inévitable rappel se clôt en apothéose sur Flavor.

Crédit photos: Maddy Julien

15 juillet

On veut du soleil mais trop c’est trop. Sous cette chaleur accablante on a tout juste trouvé le courage de se traîner sous un chapiteau entre deux conférences de presse. Tous les groupes un peu connus jouant à la fraîche après 20h, nous devons malheureusement couper court aux festivités pour cause de dernier train. Eh oui des fois les choses ne se passent pas comme on le souhaiterait : Dour dour…

Ne jamais se fier aux premières impressions, telle pourrait être la leçon de ce concert de The Thermals. Même si c’est bien Serge Gainsbourg que l’on entend en fond sonore, le public composé en grande partie de jeunes gens à gros bras et à l’air peu engageant ne laisse aucun doute, c’est de rock dont il est question. Or lorsque les membres de the Thermals débarquent on est surpris : voici trois grands gamins dont une jeune fille à la basse, proposant un rock ultra-rapide destiné à faire exploser les tympans. Au mieux cela s’apparente à The Wedding Present, au pire à Green Day, et l’ombre de Placebo n’est jamais très loin. Rien d’original mais leur jeu est sincère et la réaction spontanée du public fait plaisir à voir.

Plus tard c’est sous une autre tente que nous nous rendons, attirés par la musique qui s’en dégage. Il s’agit de Jerboa et son électro-rock dansant qui a invité pour l’occasion le chanteur de The Van Jets et une chanteuse dont le nom ne nous est pas familier.  Dommage que nous soyons arrivés un peu tard car le peu que nous en avons vu nous a convaincus.

Convaincant également mais dans un genre nettement plus apaisé, les texans de Denton Midlake (photos n°1, 2 et 3) jouent leurs très jolies chansons devant un public trop clairsemé. Ils nous offrent une nouvelle composition un peu plus rythmée mais d’une qualité toujours aussi irréprochable.

Rien qu’au nom on peut s’y attendre : on ne va pas rigoler. Les membres de Black Rebel Motorcycle Club (Photos n°4, 5 et 6), un pavillon pirate menaçant planté en fond de scène, se distinguent par la beauté sombre de leurs compositions et leurs tenues assorties. Seulement c’est en plein soleil qu’ils jouent ! Ils enchaînent leurs chansons sans peine imposant leur marque sur un public tout acquis à leur cause.

En conclusion, dressons un bilan concis, simple et complètement subjectif.

On a aimé : l’affiche bien fournie, éclectique et alléchante, regroupant 200 artistes dont beaucoup de nos chouchous belges, les performances sincères et réussies de la plupart des groupes vus durant ce long weekend, les sons plaisants s’échappant des scènes nous permettant de découvrir de nouveaux artistes. On a aussi aimé rencontrer plein de gens sympathiques dans la foule, devant les scènes ou à l’espace presse, le soleil, la bonne humeur et les milkshakes au speculoos.

On n’a pas aimé : les horaires de concerts qui se chevauchent, les changements de programme pas ou mal annoncés, les navettes qui arrêtent de circuler à 18h, les groupies hystériques et l’odeur de vinaigre qui émane du sol et se répand sur tout le site… Mais tout ceci ne nous empêchera certainement pas de revenir l’année prochaine !

Crédit photos: Maddy Julien

Kim
Chroniqueur