"> Furia Sound - Indiepoprock

Furia Sound

Cette superbe et chaude journée va nous donner l’occasion d’applaudir un nombre conséquent de groupes extrêmement variés. Les quatre scènes permettent au public d’écouter aussi bien de grosses têtes d’affiche que des groupes issus de la scène locale, même s’il lui sera impossible de tout voir.

Nous retrouvons sur la scène une Les Blérots de R.A.V.E.L, qui ont bien du mérite à jouer en costumes et cravates. Leur cocktail rythmé, soutenu par un cor, une contrebasse et un accordéon est une sorte de musique traditionnelle d’ici et d’ailleurs et, au final, bien de chez eux. Le public bariolé est enthousiaste. Le retour de Petrouchka est prétexte à une diatribe sur la musique des années 80. Le chanteur joue avec le public sur des rythmes tziganes/manouches/yiddish. Toute cela est à la fois romantique, mélancolique, joyeux et foutraque. Parfois même bucolique. Le chanteur des Ogres de Barback vient même les rejoindre pour chanter avec eux. Mis à part le batteur (et pour cause), les musiciens concluent souvent les titres regroupés à l’avant de la scène. A cette heure, les jeux de lumières passent inaperçus. Mais leur occupation de la scène est telle qu’on en a cure. Et l’on se laisse bien volontiers emporter.

Dirge, quant à eux, s’expriment sur la scène quatre. Pas de chance, ils sont en plein soleil et jouent en même temps que les Blérots. Leur public épars semble plus préoccupé par la recherche d’ombre et de fraîcheur que par leur prestation. Le chanteur, à la basse, use peu de son micro. Ce métal atmosphérique, et ses longs titres à la Mogwaï, sont low, slow et heavy.

Chumbawamba acoustic sont cinq vétérans de la scène rock anglaise. Ce soir, ils nous présentent un ensemble de chansons traditionnelles populaires et révoltées, quasiment a capella, tout juste accompagnés de leurs guitares, accordéon ou trompette. Le public reste peu sensible à cet ovni, et s’étale nonchalamment sur la pelouse ensoleillée. Parmi ceux qui les écoutent avec attention, voire qui entonnent les chansons en ch?ur, on remarque le bassiste de The (International) Noise Conspiracy

Le concert de ces derniers débute par un muezzin appelant à la prière. Le rock’n’roll en rouge et noir des Suédois est revendicatif, mais certains titres entraînants sont au final assez pop. Est-ce le clavier qui donne cette impression ? Le chanteur se déhanche et chante comme un Mick Jagger rajeuni. C’en est troublant. Quant au bassiste, très classe, il tient les morceaux avec fierté, sans faillir. Pas de temps mort, le rythme que s’impose le groupe force le public à suivre la marche et la foule s’amasse déjà devant la scène trois, au bout de quelques titres. Entre deux lancers de micro rattrapé parfois de la tête, le chanteur affirme sa joie de jouer en France, pays qui a osé dire ‘non’ à la Constitution européenne, geste démocratique à ses yeux. Il descend ensuite de scène pour se jeter dans un slam déjanté, tout en chantant. Le public exulte. Dernier brûlot, dernier jet de micro, et le combo finit groupé devant la scène, le poing levé, sur fond de « protest song ». Non, les punks ne sont pas morts !

Toutes trois de rose vêtues, les New-yorkaises du groupe Le Tigre nous rafraîchissent de leur électro-pop-féministe. Le son est excellent et leur musique, très dansante, plaît beaucoup. Le public connaît-il réellement la teneur des textes de ces trois suffragettes version années 2000 ? On en doute face au silence interrogatif qui suit la question de la brunette au micro : « Is there lesbians here ? ». Le trio communique son énergie aux spectateurs qui se laissent bien volontiers conquérir. L’utilisation de samples fait pourtant perdre beaucoup de naturel à l’ensemble. A noter que la prestation est agrémentée de chorégraphies kitch, certains titres rappelant le côté festif des B52’s. Le concert, énergique et parfait pour un festival, est on ne peut plus réussi.

Enfin, l’espace situé devant la scène une est plein : premier concert en France pour la reformation de Louise Attaque ! Ces derniers nous présentent leur prochain album, avec un son très fort mais brouillon et sourd. Le public, tout à son bonheur de les retrouver, s’en fout et pogotte furieusement. 22h et les lumières se voient enfin, les éclairages ont bien un sens sur ce concert. Les slammers sont infatigables et le délire atteint son apogée sur L’invitation.

Mais il faut déjà se laisser emporter vers la scène trois pour la cerise sur le gâteau : Turbonegro. Le temps se couvre, les éclairs se multiplient au loin et le groupe le plus délirant du moment arrive dans un bruit d’hélicoptère et sous les stroboscopes. Accoutrés en militaires de différentes contrées, qui avec des paillettes, qui avec un boa, affublés de couvre-chefs, les musiciens se sont déguisés en Village People du heavy. Un géant bedonnant, habillé en viking, fait la majorette avec une canne : c’est le chanteur… Le métal qui nous est servi est lourd et gras, la finesse n’a décidément pas droit de cité chez ces Norvégiens. Deux canons projettent des faux billets dans le public qui n’en revient pas de tant de mauvais goût. Le chanteur harangue la foule et lui fait répéter des vulgarités avec une joie visible.

Sur la scène deux, à l’autre bout de cet immense terrain de jeu pour maboules de la musique, LCD Soundsystem commence enfin son show, après vingt minutes de retard, suite à des problèmes de son. C’est le dernier concert de la soirée et heureusement que ça remue car on se serait bien endormi…

Chroniqueur