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Interview de Foals

Interview de Foals

Quand on est sur scène on se préoccupe juste de l'énergie, et on se perd nous-mêmes, on essaye de rendre ça dans une expérience qui nous transcende.

« What Went Down » est votre quatrième album, qu’est-ce qui a changé dans ta manière de composer et d’approcher votre musique en général ?

Depuis le premier album, ça a beaucoup changé, en fait chaque album nous a fait évoluer. L’écriture est devenu moins rigide, il y a plus de liberté, on laisse plus de place à l’intuition. Je pense que c’est aussi plus collaboratif maintenant, au début c’était moi qui contrôlais, j’étais un peu dictatorial. Après ça dépend des morceaux, des fois c’est juste moi et Jimmy, des fois c’est nous 5, des fois on est que 4, ça dépend vraiment. On ne veut pas de règle, je pense que c’est vraiment du gâchis de se mettre tous les 5 dans une pièce pour composer, j’ai l’impression qu’on tournerait en rond, et je veux éviter ça.

 

Certains disent que votre musique a énormément changé depuis vos débuts, dans Antidotes il y avait quelque chose de très sautillant et léger, alors qu’aujourd’hui avec What Went Down vous jouez plus sur la puissance. C’est l’expérience et l’âge qui a fait ce changement ?

En partie oui, mais je ne sais pas finalement parce qu’il y a des morceaux beaucoup plus énergique sur « What Went Down » ou « Holy Fire », que sur « Total Life Forever » qui est pourtant arrivé plus tôt. Celui-là était un album très introverti et plus posé, donc en fait moins juvénile que les deux derniers. Évidemment « Antidotes » a été le produit de notre jeunesse, mais pas seulement c’est aussi de la naïveté, et le climat musical était différent, donc on réagissait à ça aussi. Et aujourd’hui c’est étrange pour nous parce que quand on a sorti « Antidotes », personne ne venait à nos concerts, tout le monde s’en foutait, vraiment. Et maintenant des gens disent: « Antidotes est le meilleur ! » c’est marrant.

 

C’est une évolution naturelle ou vous avez changé volontairement ?

C’est venu un peu comme ça, mais on a aussi eu la volonté d’évoluer, de changer. On ne voulait pas être un groupe avec un son trop reconnaissable, trop stéréotypé, on voulait essayer de faire évoluer notre son, on ne voulait pas être à la même place trop longtemps. Et je pense que ce qu’on a fait sur « Antidotes » allait avec le moment où on l’a fait, mais on ne voulait pas juste répéter ça. Mais c’est aussi venu assez naturellement, ce n’était pas très dur de changer, on a juste suivit notre appétit de changement.

 

C’est peut-être vos influences qui ont évolué ?

Le monde a évolué, la vie avance… Quand j’entends des groupes qui sortent un deuxième album presque identique au premier, je ne comprends pas. Je veux écrire des morceaux qui procurent une variété d’émotions, je veux faire des choses variées, je veux être ambitieux, je ne veux pas être un groupe trop simple à cerner, trop simple à reconnaître. Je veux avoir du courage quand je fais quelque chose de nouveau, c’est trop sûr et sans danger de refaire la même chose.

 

 

Après « Holy Fire », et My Number, vous avez commencé à jouer dans des salles très grandes, ça ne vous manque les petites salles ?

Ça ne me manque pas vraiment parce qu’on l’a fait pendant longtemps… Ce n’est pas que je veux plus le faire, mais je pense que c’est cool de progresser. Moi je n’ai aucun problème avec les grandes salles, on vient de faire une tournée de très grandes salles en Angleterre. Étant jeune je ne suis jamais allé voir des grands concerts, j’avais plus l’habitude d’aller dans des petits clubs à Oxford, je ne suis jamais allé dans un grand concert de rock dans un stade, donc quand on a du nous même jouer dans des grandes salles j’ai un peu appréhendé ! Mais finalement ça s’est bien passé, je n’ai pas l’impression que l’énergie a été diluée dans la masse. Évidemment ça dépend aussi des lieux. Mais en fait j’aime bien faire les deux, des grands et des petits concerts, j’aime juste jouer ma musique. Ces salles représentent des challenges différents, et des expériences différentes, les plus grandes salles nous obligent à créer aussi une expérience visuelle. Le défi des petits concerts est plus dans l’idée de transmettre notre énergie, c’est plus sauvage !

 

Qu’est ce que tu ressens quand tu joues, à quoi tu penses ?

Je ne pense pas à grand-chose, c’est plus une affaire d’émotion, mon cerveau n’est pas vraiment impliqué.

 

Ton cerveau travaille quand tu écris, mais quand tu joues tu t’évades et ça devient sauvage ? 

En quelque sorte oui. Mais même quand j’écris, j’essaye de rester éloigné de mon cerveau.

 

Pourtant j’ai l’impression justement que tu réfléchis beaucoup à ce que tu veux apporter, et ce que tu veux faire passer avec ta musique. 

Oui c’est vrai aussi ! Mais du coup le live ce n’est pas comme ça. Quand on est sur scène, on se préoccupe juste de l’énergie, et on se perd nous-mêmes, on essaye de rendre ça dans une expérience qui nous transcende. Il y a quelque chose de très primitif dans l’idée de performance scénique en général, c’est pareil au théâtre, on se transforme un peu en chaman et on doit communiquer avec les gens, j’ai l’impression qu’on utilise quelque chose qui est ancré très profondément en nous, dans une partie très ancienne du cerveau. Ce n’est pas un processus conscient, je n’agis pas vraiment consciemment sur scène.

 

Tu as dit que tu étais finalement plus influencé par le cinéma et les images que par la musique et les autres musiciens, qu’elles sont tes références cinématographiques ?

J’aime beaucoup Paolo Sorrentino, notamment « La grande Belleza ». Après j’adore Kubrick, je pense que c’est mon réalisateur préféré. Pour moi les meilleurs exemples de son génie sont dans « 2001: L’odyssée de l’espace » et « Shining ». Ses compositions visuelles sont magnifiques, il y a plein de symétries. Quand on sait l’époque où a été fait « 2001 » c’est vraiment impressionnant. C’est aussi une oeuvre très profonde, et j’aime beaucoup ses réflexions  sur la création, sur l’homme, c’est aussi prophétique parce qu’aujourd’hui on a ces problèmes-là, avec la technologie etc… Donc j’aime beaucoup Kubrick. J’aime aussi énormément F.F. Coppola.

 

Vous avez enregistré votre dernier album en France, vous nous aimez nous les Français ?

Oui évidemment !

 

Qu’est-ce que vous cherchiez en venant ici ?

Déjà on cherchait à quitter un peu l’Angleterre. Je voulais changer d’environnement, je ne voulais pas écrire tous les morceaux et après les enregistrer au même endroit. Quand on enregistre un nouvel album, c’est un peu une aventure. Ce studio dans le sud de la France est magnifique, c’est très rural, idyllique, assez romantique. J’aime bien les endroits isolés, c’est pour ça qu’on est allé là. Et le matériel dans le studio était intéressant, il nous a aussi permis d’avoir différents types de salles, j’aime bien utiliser les propriétés acoustiques des chaque salle. Et puis j’aime la France tout simplement, j’y viens souvent depuis que je suis jeune, j’avais l’habitude de venir à Paris. C’est le premier endroit en dehors d’Angleterre qui nous a soutenus.

 

Quand tu composes, tu imagines où le public peut écouter votre musique ?

Des fois j’aime bien imaginer les milliers de situations différentes dans lesquelles les gens peuvent nous écouter. Tu peux nous écouter quand tu tonds la pelouse, sur le chemin de l’école sous la pluie, juste avant un premier rendez-vous, etc… On a le pouvoir de se connecter avec les gens dans tous ces petits moments. Donc je n’écris pas pour un moment spécifique, mais plus pour pouvoir être là dans plein de moments intimes.

 

On peut faire une petite playlist ?

Tu peux me donner un morceau que vous écoutez à fond avec les autres membres de Foals ?

Oui, il y a des morceaux qu’on écoute souvent avant de monter sur scène, ce n’est pas tout le temps la même, mais c’est des trucs du style Cowgirl par Underworld, c’est un morceau de club des années 1990.

 

Ton morceau préféré à jouer en live ?

Ça dépend, en ce moment je dirai que c’est What Went Down.

 

Un morceau que tu écoutes en cachette parce qu’il est un peu honteux ?

Non, je ne pense pas qu’on doit avoir honte de ce qu’on écoute, il n’y a pas de quoi avoir honte. Évidemment j’aime bien des trucs pop si c’est ce que tu veux savoir. Y’a un morceau qui s’appelle The Sign par Ace of Base, c’est de la pop des années 1990 bien ringarde, c’est génial.

 

Une nouveauté qu’on ne doit pas rater ?

J’adore le morceau Easy de Son Lux, mais ce n’est pas très récent en fait. Mais je n’écoute pas beaucoup les nouveautés en ce moment pour être honnête. En ce moment j’écoute beaucoup de vieux trucs, donc je ne suis certainement pas la bonne personne à qui demander ça.

 

On arrive à la fin, est-ce qu’il y a une question que je ne t’ai pas posé et qu’on ne te pose jamais, mais que tu aimerais qu’on te pose ?

Par exemple: « il est comment ton café ? »

 

Alors, il est comment ton café ? 

Pas terrible justement ! (rires)

 

 

Merci à Yannis et son équipe pour ce petit moment.

Chroniqueur
  • Date de l'interview 1 238 vues 2016-02-26
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