Interview de Depth Affect
C?est une des meilleures nouvelles venues de France en ce début d?année : loin de la hype et du cirque médiatique, loin d?ailleurs d?à peu près tout sauf de nos attentes, Depth Affect a réussi avec « Arche-Lymb » (prononcer Arké-limbes) un merveilleux premier album. Une musique à la fois lumineuse, limpide, qui s?impose avec la force d?une évidence, et qui pourtant reste énigmatique. Sans voix, ou très peu, Depth Affect réussit à nous parler. Une conversation avec David Bideau, l?une des têtes chercheuses et néanmoins pensantes du groupe, est l?occasion de lever un peu le voile sur le mystère Depth Affect.
Peux-tu nous décrire en quelques mots les circonstances de la formation du groupe ?
Rémy et moi étions ensemble en classe, au lycée. On a partagé nos goûts musicaux, plutôt rock au départ, puis on a découvert le Hip-Hop, les disques de Warp. Aphex Twin, Autechre : on a pris un peu ces artistes comme des claques. C?est quand on s?est aperçus qu?avec assez peu de matériel on pouvait nous mêmes faire de la musique qu?on a décidé de sauter le pas. Au départ, on a travaillé uniquement avec des samples. Au fil du temps, on a pu aussi récupérer d?autres machines, des synthés, des boîtes à rythme.
Fred nous a rejoint, au départ uniquement en tant que DJ, pour des scratches sur quelques morceaux, puis il s?est intégré au fur et à mesure dans le groupe, jusqu?à en devenir indispensable. Enfin Xavier travaille sur nos clips, et intervient beaucoup pendant nos concerts. On travaille en quatuor maintenant : Rémy et moi faisons les premières ébauches des morceaux, puis Fred apporte ses idées. Pour le live, on essaie de remanier les morceaux en compagnie de Xavier.
On a trouvé le nom du groupe en cherchant des juxtapositions de mots qui sonnaient bien, pendant un cours de physique. Il ne faut pas forcément y chercher de sens, en tout cas on n?a pas voulu donner de sens particulier à ce nom. De la même façon, le titre de l’album est lui aussi un collage. Si l?auditeur veut y trouver, ou au moins y chercher, une signification particulière et se l?approprier ainsi, c?est parfait !
Quelles ont été les influences majeures de Depth Affect ?
Outre Aphex Twin ou Autechre, déjà cités, on apprécie beaucoup d?artistes dans des genres différents, ça peut aller du Wu-Tang Clan à Will Oldham, en passant par de la pop des 60?s. Tout ne s?entend pas forcément dans la musique qu?on produit, mais on s?interdit pas du tout d?y faire appel, c?est là, quelque part.
L?album contient deux « featurings » plutôt remarquables, comment se sont décidées ces collaborations ?
Avec Alias, ça s?est passé très simplement : on a joué en première partie pour lui, il a vraiment apprécié notre concert, et on s?était tout de suite dit qu?il fallait arriver à faire quelque chose ensemble. On a travaillé ensemble sur le morceau à distance, on envoyait des instrumentaux et Alias nous renvoyait des voix.
Avec Cyne, leurs représentants en France nous ont contactés pour nous proposer une collaboration. Ca a été un peu moins facile à gérer qu?avec Alias : il y a deux producteurs chez Cyne, donc on s?est retrouvé à quatre producteurs sur une seule piste. Il a fallu que tout le monde accepte quelques compromis, on a par exemple dû modifier un peu la structure du morceau, pour s?accorder avec les couplets et les lignes des MC.
Qui a réalisé la pochette du disque ?
Avec Xavier, étant étudiants aux Beaux-Arts, on n?imaginait pas vraiment laisser quelqu?un d?autre que nous s?occuper de l?artwork de l’album. La pochette relève un peu de la même logique de collage que le reste de l’album : on y trouve des éléments disparates, plusieurs symboles différents. Ce n?est pas ouvertement noir, ni triste, mais on tient à cette atmosphère d?étrangeté qui indique que des choses un peu moins simples, un peu moins agréables se cachent sous la surface plutôt rose.
Comment envisages-tu l?avenir du groupe ?
L?avenir, pour l?instant, c?est les concerts. On a de la chance : cet été au lieu de bosser à l?usine, on va pouvoir se faire un peu d?argent en montant sur scène. On va jouer à Saint-Brieuc, à Evreux (pour le festival Le Rock Dans Tous Ses Etats). J?aimerais bien aussi qu?on commence à travailler sur un nouveau disque. On a déjà travaillé sur quelques morceaux, mais pour l?instant ils me paraissent un peu trop proches de ce qu?on a déjà fait. On va peut-être accélérer le rythme, ou au contraire le ralentir, pour s?éloigner de la case électro-hip-hop dans laquelle on va rapidement essayer de nous enfermer. On ne cherche pas forcément à changer, mais on essaie d?éviter de stagner, tout en restant pertinents…
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