"> Interview de Elf Power - Indiepoprock

Interview de Elf Power

Ces américains membres du collectif psyché pop Elephant Six ont mis un tigre dans le moteur de la pop américaine?
Bryan : Le groupe a commencé en 1994. On a enregistré notre premier album sur un quatre pistes, pour s’amuser. On a pressé juste une cinquantaine de copies, pour nos amis, mais beaucoup de gens ont aimé, et donc on s’est retrouvé à la sortir à grande échelle.  » A Dream In Sound  » est notre second album, et le premier à sortir en Europe.

Comment le groupe s’est-il formé ?
Bryan : Laura et moi sommes majoritairement à l’origine du premier album. On s’est rencontrés au lycée, c’est la musique qui nous a rapprochés. On écoutait tous les deux des choses très variées, T Rex, Nick Drake, le Velvet Undeground? mais aussi des choses plus dures, comme Slayer ou Moondog. Les autres membres du groupes nous ont rejoint après.

T Rex et Slayer ne semblent pas faire partie des influences de  » A Dream In Sound « ?
Bryan : Non, elles s’entendent un peu plus sur le premier album. Ou sur le prochain, qui contiendra une chanson assez heavy metal? Pour  » A Dream In Sound « , nous avons essayé de combiner plusieurs ambiances, car on écoute beaucoup de choses différentes. Bien sûr, à la base, tous les morceaux sont des pop songs, mais nous avons essayé d’ajouter des textures, des couleurs différentes.
Laura : La présence de Dave Friedman dans le studio a beaucoup participé à cette variété, même si l’on n’a pas eu trop le temps d’expérimenter : on n’avait qu’une semaine pour tout enregistrer. Mais sur le suivant, nous avons pris plus de liberté, pour établir un son plus personnel et plus cohérent.

Pourquoi Dave Friedman ?
Laura : On avait bien sûr aimé ce qu’il avait fait comme producteur, principalement avec les albums des Flaming Lips. En plus, il a été sympa, il nous a produit pour pas trop cher? On n’aurait jamais pu se l’offrir sinon !
Bryan : Ce qui le rend bon, c’est la qualité de son équipement d’enregistrement. Il a surtout fait un travail d’ingénieur du son, sans chercher à nous imposer sa vision des morceaux, même si quand on lui demandait, il était de très bon conseil.
Laura : On a eu aussi la chance d’utiliser le studio des Flaming Lips, où ils avaient laissé pas mal d’instruments, des guitars slides, des claviers? Ca a aussi aidé à donner un son à notre album.
Bryan : On a quand même essayé de garder notre propre son ! De toute façon, la façon d’écrire des deux groupes était suffisamment différente pour ne pas avoir peur de faire du décalque des Flaming Lips.

Quand vous êtes entrés en studio, vous aviez déjà une idée de la couleur sonore qu’auraient les morceaux ?
Bryan : Bien sûr. Et comme chacun a amené sa patte, au final, cela a donné quelque chose de totalement différent de ce que l’on avait prévu. C’est ce qui est intéressant, expérimenter avec différents sons.

A ce titre, vous utilisez beaucoup d’instruments peu courants dans la pop : accordéon, clarinette? Vous composez avec ?
Bryan : Pas vraiment, on crée plutôt la base des chansons avec des guitares acoustiques, ce sont les membres du groupes qui amènent ces idées d’arrangement. On est tous assez créatifs, et plutôt prolifiques. On essaie d’être pas trop paresseux en tout cas. En utilisant tous ces instruments, on essaie surtout de maintenir notre intérêt pour les chansons, pour essayer de les faire toujours évoluer, sans s’imposer de restrictions particulières. L’important est que les chansons ne se ressemblent pas les unes des autres. C’est tellement courant les groupes qui font toujours la même chanson?

En même temps, certains considèrent que c’est un problème de faire un album hybride.
Laura : Nous ne sommes pas d’accord avec ça. Cette fameuse chanson heavy qui sera sur le prochain album, c’est une vraie volonté de notre part, parce que c’est aussi un jeu à la fois de faire une bonne chanson de ce type, mais aussi de l’insérer parmi d’autres chansons plus classiques. C’est une façon de surprendre et d’intéresser.
Bryan : Ce serait trop ennuyeux pour nous d’être un groupe de pop classique avec des pop songs classiques. On ne pourrait se contenter du schéma guitar/basse/batterie. On a besoin de quelque chose d’autre pour épicer ça, et le rendre plus intéressant.
Laura : On achète pas mal d’instruments, des amis nous en donnent. Là on vient de récupérer une cithare par exemple? Tout ça est aussi un peu dépendant du hasard : si demain on cassait notre saxo, notre musique en contiendrait moins car on n’a pas les moyens d’en acheter un neuf ! (rires)

Elf Power affiche sur ces disques le logo du collectif  » Elephant Six « . Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Bryan : Elephant Six est essentiellement un groupe d’ami partageant des vues musicales communes et qui donc aiment à jouer entre eux, aussi bien sûr scène que sur disque. Il y a ainsi des échanges temporaires de musiciens. Mais c’est quelque chose que l’on affiche fièrement car les groupes Elephant Six sont de bons groupes.
Laura : L’afficher est un peu aussi comme un label musical, les gens qui ne connaissent pas un groupe mais qui voient le logo de Elephant Six et aiment d’autre groupes de ce collectif peuvent penser que ce disque risque de leur plaire, même si chaque groupe Elephant Six est unique, avec son propre son et sa propre vision.

Comment définiriez-vous l’esprit musical que représente Elephant Six ?
Laura : Je crois que ce qui nous rapproche, c’est un goût pour le psychédélisme un peu frappadingue, et des méthodes d’enregistrement très proches dans leur spontanéité. Mais personne ne décide que tel ou tel groupe à le droit de mettre le logo Elephant Six sur sa pochette, ce sont les groupes eux-mêmes qui décident de s’attribuer cette appartenance et c’est très bien comme ça. Si ça devenait un label, avec des contraintes budgétaires, ça ficherait tout en l’air très vite. C’est mieux de ne pas avoir d’argent ! (rires)
Votre prochain album est déjà sorti en Amérique. Ca n’est pas trop pénible de venir en France pour parler du passé ?
Bryan : Non, ça nous fait d’ailleurs rajeunir de retourner trois ans en arrière et d’en parler maintenant? C’est intéressant de rejouer ces morceaux ainsi que des nouveaux et voir la réaction du public. Hier soir, on a même joué des morceaux que l’on a pas encore enregistrés. C’est un bon test.

Tu peux déjà nous dire quelques mots de ce prochain album ;  » The Winter Is Coming  » ?
Bryan : Ce sera toujours sur le label Shifty Disco. Notre troisième album a été enregistré à la maison, et il sonne donc très différemment de  » A Dream In Sound « . En même temps, il y a beaucoup plus d’instruments, d’overdubs et de sons expérimentaux, un peu électroniques. C’est toujours de la pop bien sûr, mais un peu plus étrange. Il sortira en France mi septembre.

Pour finir, Elf Power a été soutenu par Michael Stipe ?
Bryan : Nous avons fait leur première partie en Amérique et c’est quand même impressionnant de jouer devant des milliers de personnes. Et puis Michael fait de très bonnes choses aussi bien pour soutenir les petits groupes que pour protéger le patrimoine de la ville d’Athens.

Mais vous n’avez pas peur d’être atteint du syndrome Grant Lee Buffalo et de splitter au bout de quatre albums ?
Bryan : Si, à Athens, chaque groupe a peur. Si Michael Stipe touche un groupe, il explose ou même se consume sur place. Nous sommes terrifiés par cette malédiction. Il n’y a que Vic Chesnutt qui y a échappé?(rires)

Chroniqueur
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