"> Interview de La Maison Tellier - Indiepoprock

Interview de La Maison Tellier

Le quintet français caché derrière l’intitulé du fameux livre de Maupassant continue son bonhomme de chemin à l’abri des modes passagères et de la variété. Depuis six ans, il distille ses chansons poignantes, nourries par le rêve américain cher aux Rouennais. Entre folk-rock et blues, le groupe passe allègrement de la langue de Bashung à celle de Cormac McCarthy, au grès des ambiances très cinématographiques. Cette année, il sort « L’art de la fugue », un alignement impressionnant de 13 titres singuliers, aux atmosphères contrastées, mais traversés par une mélancolie et un frisson incomparable. Une occasion en or d’aller à la rencontre de ses membres, forts sympathiques, pour une interview chaleureuse !

D’où est venue l’idée d’alterner des chansons en anglais et en français ? Certains groupes français ont délibérément choisi l’anglais. Vous sentez-vous à l’aise dans les deux registres ? Est-ce pour convoquer le double héritage chanson française / musique folk/rock américaine ? 

Oui, c’est sûr, il y a de glorieux aînés comme Bashung ou Noir Désir qui mélangeaient déjà les 2, pour nous l’alternance français/anglais s’impose d’elle même, ça nous évite de devoir choisir !

Comment expliquez-vous ce fantasme récurrent d’une certaine Amérique sauvage et insoumise, tout en ne tombant heureusement pas dans le cliché ? 

On a tous quelque chose en nous de Tennessee… On a grandi baigné dans la culture américaine et on a choisi le versant bucolique plutôt que le versant urbain. C’est pour ça qu’on ne fait pas du hip hop ou du rock.

Ah oui bien vu ! Vous sentez-vous appartenir à une famille de musiciens français fascinés par le folk-rock anglo-saxon, comme Moriarty ou Syd Matters par exemple ? 

On ne se sent pas appartenir à une quelconque famille, si ce n’est que nous sommes nous même une famille ! Même si il y a des affiliations avec ces groupes et que nous aimons bien ce qu’ils font !

Le versant bucolique c’est donc l’Amérique des grands espaces, c’est ça ?
 

En fait le côté bucolique ce n’est pas que le côté naturaliste, c’est aussi Cormack McCarthy et Leonard Cohen, c’est plus une Amérique fantasmée qui n’existe pas réellement "l’herbe est toujours plus verte dans le pré d’à côté" (Léopold Tellier)

Ou bien l’ambiance de "Dead Man" de Jim Jarmusch ? 

Ah oui Dead Man de Jim Jarmusch on aime tous beaucoup, par contre on laisse le look à Yodélice (rires). C’est aussi l’Amérique des Frères Coen (en plus de Leonard Cohen).

Sans vouloir vous coller une étiquette, vos chansons sont clairement ancrées dans le courant folk-rock, mais comment expliquez-vous que chaque morceau ait sa propre personnalité, sa propre ambiance, est-ce la somme des personnalités de chaque membre du groupe qui s’y retrouve reflétée ? 

En fait ça vient surtout de notre façon d’écrire les chansons, et comme effectivement nous avons nous cinq des influences différentes, on a le squelette d’une chanson et chacun amène ses parties, certaines prennent donc l’ "empreinte" d’un de nous plus que d’autres.

Et donc vous avez trouvé une sorte de modus operandi ou chacun apporte ses influences, c’est rare, enfin je veux dire, il n’y a pas vraiment de leader ? 

On est communistes ouais! Et c’est le leader qui te le dit (rires).

Ok ! Vos morceaux sont des instantanés qui semblent raconter chacun une histoire, et qui seraient liés entre eux comme par un fil imaginaire. Comment envisagez-vous la transposition de ceux-ci en version live ? Vous sentez-vous davantage comme des conteurs ou des chanteurs ? 

On n’est pas des conteurs non, il n’y a pas vraiment de messages dans les chansons, en live on essaye juste d’offrir un spectacle, on est avant tout un groupe de musique, on essaye pas trop d’intellectualiser les choses. On est avant tout un groupe de musique. Et puis on n’a pas encore fait énormément de concerts sur cet album, donc il faut voir au fur et à mesure des dates.

Oui bien sûr alors disons plutôt que vos chansons sont assez cinématographiques, qu’elles font travailler notre imaginaire, tout en évoquant des influences indéniables.
 
Oui, c’est sûr que nos goûs cinématographiques ressortent: Dead Man comme on l’a dit, Ennio Morricone, et puis ça permet faire des aller retour entre la musique et les paroles, comme dans un film entre la bande son et les images (cf Dead Man).

Vous ne vous verriez donc pas faire un jour un disque uniquement instrumental ? Ou bien une bande originale de film ? 

Un disque instrumental pas vraiment, ça ne nous fait pas vraiment envie, mais une BO oui pourquoi pas ! Mais on pourrait mettre des paroles sur certains titres quand même. On le fait déjà un peu en live, des instrumentaux, pour lier les morceaux, donner une ambiance. Mais de l’instru pour de l’instru c’est pas trop le but, c’est aussi pour servir un texte.

Une tournée de prévue ? 

Oui bien sûr ! Le 6 avril au Café de la danse à Paris. Et puis on commence doucement, et ça va s’intensifier surtout à l’automne.Toutes nos dates confirmées sont sur notre myspace.
 
Un passage par la Belgique ? 

On fait le Dranouter Festival, le Bruxelles Summer Festival. Là par contre les dates exactes, c’est cet été mais on ne sait plus quand, ça doit être sur le myspace ! Alors après renseignements les dates en Belgique ne sont pas encore confirmées. Mais ça va le faire.

Ah ok merci pour les infos. Je ne peux dès lors que vous souhaiter une belle année riche en concerts ! 

Merci beaucoup!

Merci beaucoup à vous aussi pour ce temps consacré à l’interview ! 

Merci beaucoup à toi!

Chroniqueur