"> Interview de Malcolm Middleton - Indiepoprock

Interview de Malcolm Middleton

Malcolm Middleton, moitié du duo écossais Arab Strap, a entamé une carrière solo en 2002. Son premier opus le voyait alors emprunter des chemins, certes plus acoustiques, mais somme toute relativement proches des sentiers glauques et cyniques balisés par Arab Strap depuis ses débuts. Aujourd?hui, il nous revient avec un surprenant nouvel album, le presque guilleret « Into the Woods ». Mais gare au piège tendu par ce petit plaisantin ! Derrière un masque musical nettement plus enjoué, Malcolm a en effet dissimulé des textes toujours aussi désabusés et acides. Grognon et authentique sur disque, Middleton nous a offert le même visage au cours de cette interview, réalisée par mail.

« Into the Woods » paraît musicalement moins triste et plus pop que ton premier album. Comment expliques-tu cette évolution ?
C?est probablement une illusion car en fait il est moins triste mais moins pop. L?évolution tient au fait qu?après toutes ces années, j?ai réussi à avoir le moral. « Into the Woods » est un peu une réaction à 10 ans de travail avec Arab Strap. Pourquoi ne pas essayer de nouvelles choses ?

Sur ton premier album, le morceau Devil and the Angel mettait en balance les côtés positifs et négatifs de ta personnalité. Musicalement, « Into the Woods » semble retenir l?aspect positif uniquement, qu?est-il donc arrivé à ta facette négative ?
Si tu vois les choses comme cela, disons que sur « Into the Woods », la musique est positive et les textes sont négatifs. C?est un mariage des deux facettes. Avec cet album, j?ai essayé de trouver un équilibre dans ma vie, d?utiliser les forces positives et négatives.

Entre tes deux albums solo, tu as enregistré un album avec Arab Strap, « Monday at the Hug and Pint ». Est-ce que cela a eu un effet sur la tonalité de ce disque ?
Peut-être, je ne sais pas. Dès que j?enregistre quelque chose, j?essaie de progresser par rapport à mon expérience précédente. Ces deux albums sont musicalement moins sombres que tout ce que j?ai pu faire auparavant, mais ils ont été enregistrés dans des circonstances différentes.

Lors de la sortie de ton premier album, tu précisais que tu avais voulu lui donner un titre incompréhensible, « 5:14 fluoxytine seagull alcohol john nicotine ». Ce n?est visiblement pas le cas pour « Into the Woods ». Comment expliques-tu ce titre ?
Pour moi, c?est un titre tout à fait évident. Il fait appel à un degré de compréhension plus élevé. « 5:14 » était très premier degré mais le nouvel album a plusieurs grilles de lecture. Il signifie ce que tu as envie qu?il signifie. L?interprétation reste libre. Mais à la fin de la journée, il n?y a plus que mon interprétation qui compte. Donc, peut-être pas, je dirais que l?interprétation n?est plus libre. Compris ? Sur le fond, sur un plan spirituel, il s?agit tout simplement d?aller « Into the Woods ».

Pourquoi t?es-tu lancé dans cette carrière solo ? A terme, cela ne risque-t-il pas de remettre en cause l?activité d?Arab Strap ?
Je m?exprime à travers des chansons et des textes depuis l?âge de 14 ans. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas continuer à jouer sur les deux tableaux. Si les gens ont l?esprit suffisamment étroit pour y voir de la compétition? Beurk ! Le monde de la musique est tellement pollué par l?argent qui gravite autour des groupes. Tout ça ne m?intéresse pas et j?écrirai des chansons jusqu?à la fin de mes jours. Cela n?a rien à voir avec ma carrière, c?est mon oxygène !

Tes chansons sont-elles autobiographiques ?
Chaque chanson est autobiographique. Je n?écris pas juste pour m?amuser, ça serait vraiment naze.

Comment parviens-tu à composer pour toi et dans le même temps à mettre de côté des idées qui serviront aux morceaux d?Arab Strap ?
Très simplement. Je joue de la guitare tous les jours parce que c?est mon occupation et parce que j?adore ça. Ensuite j?exerce mon pouvoir de décision pour trancher. Je suis capable de jeter des albums entiers, c?est effrayant.

Malgré tout, Aidan, ton compère au sein d?Arab Strap, a participé à l?enregistrement de cet album. Comment justifies-tu sa présence ?
Je n?ai pas vraiment à justifier quoi que ce soit. Aidan joue de la batterie sur un titre parce que je le lui ai demandé. Cela reste un album solo et Aidan reste un excellent batteur.

D?autres vieilles connaissances t?ont épaulé sur cet album, comme certains membres de Mogwai, déjà présents sur ton premier album. Artistiquement, qu?est-ce que tu partages avec ces gens ?
Nous avons simplement la même approche de la musique. Ces types sont la crème de la scène indé écossaise et leur talent est énorme.

Pour la première fois, tu vas tourner avec un véritable backing band, composé d?anciens Delgados. Ton projet solo va-t-il prendre la forme d?un véritable groupe ?
Oui, il semblerait.

J?ai lu que tu avais beaucoup écouté de heavy metal, étant jeune. Connaissant ta musique et celle d?Arab Strap, c?est surprenant. Peux-tu nous en dire plus ?
Qu?y a-t-il de si surprenant ? Le monde n?est pas noir ou blanc, les gens ont besoin de sortir de leurs cases et d?ouvrir leurs oreilles. Ecoute ce que tu veux et ne laisse personne t?influencer. A commencer par les journalistes.

Et le folk ? Je ne peux pas croire que tu ne sois pas influencé par le folk ?
Je déteste le folk donc tu ferais mieux de le croire. Putains de hippies !

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