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Interview de Malvina Meinier

Interview de Malvina Meinier

Peux-tu nous raconter comment tu es arrivée dans le monde de la musique ?

Je viens du classique à la base. J’ai dû tanner mes parents pour absolument faire du piano. J’ai commencé le piano vers l’âge de 3 ans. Je suis rentrée au conservatoire à 6 ans.

Ma mère a fait un peu de piano quand elle était jeune. Du coup, il y en avait un dans notre salon. Quand j’ai commencé à marcher, j’ai commencé à pianoter. J’ai eu un prof de piano absolument incroyable, un vrai mentor. Quand j’ai eu 9-10 ans, pour moi c’était évident, je ne voulais pas être pianiste, mais vraiment compositrice. Je voulais vraiment écrire de la musique pour des orchestres et les diriger.

Puis j’ai rencontré des gens qui m’ont un peu dissuadé de devenir chef d’orchestre et de composer de la musique. Je voulais faire de la musique de film. Je ne me suis pas laissée abattre parce que je suis super têtue : quand je veux quelque chose, j’essaie de l’obtenir.

 

Comment en es-tu arrivée à ton premier album « The Wise One » ?

Quand j’ai commencé à écrire « The Wise One », j’avais 19 ans. J’en ai maintenant 26. Je savais que j’avais besoin de mûrir déjà pour faire « Home ». Et je savais que j’avais besoin de faire « The Wise One » avant. Il fallait que je me débarrasse de plein de choses. « The Wise One », c’est vraiment toute mon enfance et toute mon adolescence racontées dans un album. Et j’avais besoin de ça pour devenir une femme, tout simplement. J’avais besoin de tourner une page de ma vie.

J’avais besoin d’écrire cet album qui très minimal, principalement basé autour du silence. Je voulais réussir à en dire le plus avec le moins de notes possible. Ça a donné cet album très ambiant et très classique dans sa formation au final : piano, voix, violoncelle.

Et j’ai eu la chance d’être repérée en Italie et de beaucoup tourner là-bas. J’ai travaillé avec des gens incroyables qui m’ont fait venir pour y produire mon album. J’ai travaillé avec Alessandro Stefana qui produit en ce moment le dernier PJ Harvey. J’ai également eu la chance d’avoir le meilleur théréministe d’Italie qui est venu jouer sur mon album (NDLR: Vincenzo Vasi).

 

 

Que s’est-il passé entre « The Wise One » et « Home » ? Ce sont vraiment 2 albums avec 2 univers totalement différents.

Pour tout dire, je suis déjà en train d’écrire le troisième album avec un univers entièrement différent. Je déteste la répétition. Je ne pourrai jamais refaire un deuxième « The Wise One », je ne pourrai jamais refaire un deuxième « Home ». J’ai vraiment besoin de me mettre en danger. C’est important.

Quand j’ai commencé « Home », qui est très électro, je ne savais pas du tout utiliser de machines ou de logiciels. J’ai dû tout réapprendre du début. Toute la base classique, je l’avais. Toute l’écriture classique, c’était facile. Mais comprendre comment fonctionne une machine, comment construire un synthétiseur, comment ça fonctionne, non. J’ai appris tout ça avec Marius Duflot (Ashtray). Lui, à l’époque, était à l’école ATLA où il faisait de la MAO. Ça a fait naître ce super projet « Home », sur l’espace.

 

Pourquoi ce thème de l’espace pour « Home » ?

L’espace m’a toujours fasciné. J’adore vraiment les sciences. Je ne suis pas du tout du type musicien/lettres.

J’avais déjà écrit 2/3 chansons quand le thème m’est venu et je me suis rendu compte qu’elles étaient complètement dans le thème. J’ai réalisé que depuis le début j’étais en train d’écrire un album sur l’espace sans m’en rendre compte. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à tout réorganiser pour que l’album soit vraiment comme un voyage. C’est vraiment important d’écouter l’album du début à la fin. J’ai vraiment construit toutes les chansons pour qu’on commence les pieds sur Terre et qu’on s’éloigne, qu’on s’éloigne, qu’on s’éloigne, jusqu’à partir très loin.

 

On pense évidemment à Björk à l’écoute de « Home ». La thématique de la science et de la musique a d’ailleurs été le thème de son album Biophilia. Une coïncidence ?

Björk est une artiste que j’admire. C’est un génie. Elle essaie de repousser des frontières dans la musique. C’est vraiment ce que je veux faire aussi. On fait partie d’une génération qui a besoin de se renouveler, qui a besoin de montrer qu’on peut aller encore plus loin, qu’on peut vraiment mélanger des choses qui au premier abord n’ont pas forcément de liens.

Ce n’est pas non plus ma seule source d’inspiration bien sûr. Portishead est également une grosse influence pour moi. Le morceau Machine Gun de leur album « Third » m’a particulièrement inspiré. Il m’a vraiment rendu dingue : je voulais aussi faire quelque chose de violent comme ça.

En terme de classique, la grosse influence a vraiment été John Tavener. Je l’ai écouté pendant 2 ans en boucle. C’est un anglais qui écrit de la musique religieuse pour chœur. J’ai découvert sa musique étant adolescente. Je suis complètement amoureuse de sa musique. Il est mort il y a peu de temps. Je me souviens avoir été triste à ce moment-là.

 

Le titre Waverer a été mis en images. Tu peux nous raconter un peu comment ça s’est passé ?

Lucas Laurent, le réalisateur, est un ami que j’ai rencontré par Marius pour lequel il avait déjà fait un clip. Il m’a montré son univers, ses photos absolument magnifiques. Nos relations ont vraiment évolué au moment où j’ai commencé à partir sur « Home ». Il a adoré le concept et s’est tout de suite plongé dans l’univers du projet. Du coup, on se voyait 2 à 3 fois par mois : on parlait des heures et des heures de la galaxie.

Il voulait réaliser son premier vrai gros clip. Je lui ai tellement parlé de l’album que je lui ai dit de faire ce qu’il voulait sur le morceau qu’il voulait. Il avait le choix de l’esthétique : je lui faisais confiance à 100%. Il a changé d’idée pour le clip peut-être 10 fois. Et à chaque fois, j’adorais toutes ses idées.

On a booké 2 jours de tournage pour faire les 2 personnages différents : celui qui est tout argenté le premier jour et celui coloré le deuxième.

 

Tu as dû passer au moins une semaine à enlever tout le maquillage argenté. (rires)

Plutôt 3 mois ! (rires) C’était super éprouvant parce que je ne pouvais absolument rien toucher. J’ai dû rester debout toute la journée. Je ne pouvais rien faire. Je n’ai rien mangé de la journée. Je n’ai quasiment pas bu de la journée, j’étais déshydratée. C’était horrible. À la fin, j’étais épuisée.

 

 

Tu comptes réaliser d’autres clips pour « Home » ?

Normalement. Avec Lucas, on aimerait faire un deuxième clip pour Present, morceau plutôt planant avec un orgue en reverse un peu aspiré.

 

Du coup, le visuel est important pour toi ?

Autant pour « The Wise One » ce n’était pas du tout ma préoccupation :  je voulais quelque chose de simple, à la limite sans pochette, juste avec mon nom écrit noir sur blanc.

Avec « Home » et sa thématique, c’était super important pour moi d’être… D’être sur la pochette déjà. (Rires) Pour le reste, j’ai tout de suite pensé à Lucas quand j’ai vu ses photos et il m’a proposé des idées.

 

C’est important pour toi que le live soit aussi très visuel ?

Complètement. Il faut vraiment qu’il y ait un univers aussi bien dans le son que dans le visuel.

Je me suis liée d’amitié avec les costumières du clip de Waverer. Il y a 3 mois, l’une d’entre elles m’a appelée pour me dire que ma robe pour la représentation de Saint-Eustache était prête. « Ah bon ? Mais comment ça ? Je n’ai même pas encore réfléchi au spectacle ». Elles m’ont confectionné une robe absolument incroyable.

 

Tant que tu peux bouger dedans plus facilement que recouverte de paillettes argentées. (rires)

J’espère. (rires)

C’est super important de plonger les gens dans l’espace. Il va se passer des choses sur scène d’ailleurs. On essaie de lier des choses un peu technologiques aussi. On a fait une installation sur scène pour l’un des morceaux (NDLR : le morceau était « Constellation » avec une installation à base d’ampoules qui réagissent de manière sonore au toucher).

 

Que fais-tu pour le reste de l’année 2015 ?

Je suis en concert le 14 avril aux Trois Baudets.

J’ai commencé à écrire le troisième album. Je n’en dis pas plus. Je prévois de le sortir dans 2 ans environ. Je me laisse au moins une année entière d’écriture et une année de production.

 

L’album « Home » est sorti le 22 mars sur le label Midnight Special Records.

Interview réalisée le 26 mars à l’Église Saint-Eustache.

Remerciements : Malvina, Melissa.

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