Interview de Piana
En début d?année, la j-pop de Piana nous avait très clairement intrigués. Entre electronica et pop intimiste, la jeune japonaise présentait un univers à mi-chemin entre rêveries enfantines et mélancolies charmeuses. Le temps peut-être pour nous de revenir avec elle sur la sortie de cet album?
Peux-tu, pour ceux qui ne te connaîtraient pas, te présenter en quelques mots ?
Je suis une artiste japonaise d?électropop. Je compose, chante, mixe et masterise tout moi-même sur mon ordinateur. J?ai réalisé mon premier album « Snow Bird » pour les labels Cubic Music et Happy.
Tu as vécu une expérience de groupe auparavant ou c?est ta première expérience musicale ?
Avant ce travail en solo, j?étais chanteuse de Card Skepper qui un duo de pop japonaise. Ce groupe n?a sorti aucun album mais il a figuré deux fois sur des compilations.
J?ai découvert par la suite l?electronica. J?ai alors acheté des instruments et du matériel pour commencer à travailler en solo.
Comment es-tu arrivée à ce premier album solo ?
Keiichi Sugimoto (Minamo, Fonica), le créateur de Cubic Music, est un ami de longue date. Je lui ai fait écouter des chansons que j?avais faite, j?ai pu ainsi par la suite sortir mon premier album pour Cubic Music.
Après la sortie au Japon, Taylor Deupree, le fondateur de 12K a écouté ma musique sur le site internet de Cubic Music. Grâce à cela, mon album est sorti dans pas mal de pays dans le monde comme première référence de Happy sous-label de 12K qu?a créé Taylor pour ce qu?il a qualifié de « pop japonaise non-conventionnelle ».
Ton univers semble très empreint par l?enfance. On a l?impression que l?on peut se distraire et s?émerveiller de la moindre petite chose qui le compose. Qu?en est-il exactement ?
J?ai longtemps regardé des films et lu des romans d?amour où une jeune fille et un garçon sont les personnages principaux. Il est possible que cette influence ressorte fortement. Je suis contente si une impression de jeunesse et d?innocence transparaît de mes sons et mes chansons.
Les sentiments enfantins ou le monde vu à travers les yeux d?un enfant? À l?inverse, ma démarche avance également avec l?oubli progressif de tout ça. J?aime ces deux sentiments alors je veux qu?ils se mêlent dans mon univers.
Qu?est-ce qui t?inspire pour créer ta musique ?
Mon inspiration ne vient pas tant de la musique que de la littérature ou du cinéma. J?exploite souvent des scènes auxquelles j?ai pu assister.
A partir de quels éléments crées-tu tes sons, ta musique ?
Les sons que je crée sont samplés le plus souvent sur des choses naturelles. Je fais un rythme à partir du pas d?un cheval, de celui d?un homme ou du frottement d?un balai sur le sol. Je travaille ces sons pris sur le vif. Je les intègre ensuite à mes chansons.
Pour ne pas parler japonais, peux-tu nous dire quels thèmes abordent tes paroles ?
« Snow Bird » est de la poésie abstraite. Avec un regard féminin, j?exprime dans chaque chanson les glissements qui s?opèrent de mon délicat monde imaginaire vers le passé ou le futur.
Dans ma dernière création, cet univers évolue petit à petit. Ce n?est plus l?univers fantastique d?une personne mais un huis-clos entre deux personne. Cette scène apparaît progressivement, comme une vision. C?est un peu l?idée de l?amour dans les yeux de jeunes personnes.
Quelles ont été les retombées sur ton premier album ? Que ce soit l?accueil de la presse, du public ?
Cela m?a permis de rencontrer beaucoup de gens. Pour moi, toutes ces rencontres sont précieuses et rien n?est plus appréciable.
Je pense que beaucoup de médias étrangers se sont intéressés et ont parlé de ma musique parce qu?il n?avait jamais entendu quelque chose comme ça. J?ai reçu beaucoup de mails d?auditeurs japonais et étrangers.
J?ai pu aussi faire une tournée en Asie (Hong-Kong, Macao et Taipei). Je ne m?attendais pas à recevoir un si bon accueil sur scène pour mon premier album.
Qu?est-ce que cela a changé quelque chose ?
À cause de la sortie de cet album, je peux juger plus objectivement mon travail et je comprends mieux ma perception des sons. Je pense que mon amour pour la musique est devenu plus fort et le désir de faire de nouvelles choses s?est réveillé. Je me sens aujourd’hui capable d?exprimer seule les choses que je ressens.
Cela a permis d?élargir ton public en dehors du Japon ?
Bien sur. Comme cette interview ! Beaucoup de magazines ont chroniqué « Snow Bird » et de nombreux artistes étrangers m?ont contactée pour travailler avec eux. Je suis heureuse que ma musique puisse dépasser la barrière de la langue. Tout ça grâce à Taylor qui a su faire circuler mon album.
Comment te situes-tu sur la scène electronica / electropop aujourd?hui ?
Depuis la sortie, je ne sais plus très bien. Mon objectif pour l?avenir est de faire des chansons avec des voix très pop tout en gardant des tonalités electronica. Je pense que cela deviendra une musique très personnelle.
Quels sont les artistes qui suscitent ton intérêt ?
En ce moment il y a au Japon, le groupe Tenniscoats qui est vraiment très bon. C?est un duo qui a déjà sorti deux albums, sur des labels japonais, « Noble » et « Majikick ». Ils ont un grand sens des mélodies vocales et des arrangements. C?est une musique qui me touche vraiment.
Sinon, plus généralement, j?aime beaucoup Shuttle358, Sigur Ros, Björk, Stina Nordenstam….
Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Je suis en train de préparer mon nouvel album, toujours dans un esprit electro-pop, très vocal, avec plein de ?vrais? instruments comme l?orgue, le violoncelle, le violon, la guitare, etc. Il sortira normalement en fin d?année.
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