"> Interview de The Black Heart Procession - Indiepoprock

Interview de The Black Heart Procession

THE BLACK HEART PROCESSION,
LA CARAVANE PASSE, LE ROCK ABOIE.

Pall Jenkins et Tobias Nathaniel avouent s?etre lancés dans The Black Heart Procession, un soir, après moults pintes de bières, la face éclatée sur le piano d?une vieille gargotte de San Diego. Quelle merveilleuse idée !

Formés en 1998, les Black Heart Procession sont les dignes représentants d?un rock indépendant bien-portant et dénué de tous complexes. Leur dernier passage à Paris pour l?Anti-folk Festival nous a révélé un quatrième album sombre et sublime (Amore Del Tropico) qui désormais les projette dans la cour des grands. Rencontre avec Pall et Joe, chanteur et batteur respectifs de cette envoutante formation de San Diego.

VERS L?AU-DELÀ
Créatrice d?ambiances feutrées, utilisant la force tranquille du rock, la musique des BHP a quelque chose d?insaisissable. Mélodies en suspension, rythmiques épurées, seule compte l?intention. Groupe à géométries variables, The Black heart Procession est composé aujourd?hui de cinq musiciens multi-instrumentistes affectionnant aussi bien la scie musicale que la pedal-steel. Un mélange détonnant d?inventivité et de sensibilité qui se place en marge du paysage musical actuel. « On n?a pas l?impression de subir l?influence des grosses productions musicales. Notre musique n?est pas un produit préfabriqué par d?autres, nos textes évoquent la vie et les déviations auxquelles nous sommes confrontés chaque jour. On perçoit de toutes façons les musiques sincères lorsqu?elles en portent la marque. Il est bien sur difficile de les dénombrer. Les musiques qui n?ont pour objectif que l?argent ont la particularité de ne pas posséder d?ame, c?est presque ainsi qu?on pourrait les définir. » Fidèles héritiers de Nick Cave, des Tindersticks ou encore de Beck, chaque instrumentiste a pour role d?alimenter l?espace en controlant les tensions. La gestion de la masse sonore est certainement une des qualités premières de leur musique et une porte ouverte à l?émotion. « Les percussions sont très importantes dans BHP, non seulement au niveau des rythmes posés mais aussi au niveau du son des matériaux percussifs. Notre musique est très atmosphérique, elle nécessite que les matériaux se fondent dans les différentes ambiances. Parfois la musique demande des sons chauds comme le bois, des sons qui attaquent comme le métal, tout dépend de ce que l?on veut transmettre au public comme sensation, c?est très organique tout ça. »

LIBERTÉ ROCK
Signés sur le label Southern records, l?existence des Black Heart Procession est indissociable de l?idée de liberté qu?à toujours véhiculé le rock. Si le format des compositions est propre à la chanson, The BHP n?en demeure pas moins un laboratoire à idées fertiles donnant libre cours aux passions de chacun. A la base, Pall et Tobias (clavier), initiateurs de BHP, ne s?entouraient que d?intervenants, en studio comme sur scène. La formation actuelle est un désir volontaire des membres ajoutés qui y participent. « Aujourd?hui -et c?est paradoxal- on vit dans un système qui nous permet d?émettre ce que l?on veut et de créer avec beaucoup moins de freins qu?auparavant. Musicalement, nous avons le loisir de faire notre musique comme bon nous semble. Ce qui se passe autour de nous, les concepts musicaux commerciaux, les tendances, tout cela ne nous intéresse pas. Nous préférons nous focaliser sur notre musique et tirer le meilleur parti de nous-memes lorsque nous composons. » La musique de BHP s?écoute comme une douce poésie où ce qui semble controlé ne l?est pas. C?est notamment cette fragilité qui permet à l?auditeur une proximité naturelle, identifiable de suite. « Les textes sont des textes très ouverts, qui peuvent s?interpréter de multiples façons. Nous aimons ce qui est vague, incertain, contemplatif. Personnellement, cela me permet de les chanter chaque soir de manière différente et de pouvoir les ressentir de milles façons. »

Iconoclastes, les BHP semblent bien vouloir le rester. Une sortie DVD est prévue dans six mois dans lequel on assistera à l?orchestration d?un polar loufoque dirigé par cette bande d?allumés. Une procession à suivre…

Chroniqueur