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Interview de Isaac Delusion

Interview d'Isaac Delusion

Cet album est une photographie d'un instant de notre vie

Vous aviez décrit votre premier album comme « instinctif » , vous diriez la même chose pour « Rust & Gold » ?

Jules: Moi je dirais qu’il l’est peut être même plus que le premier qui rassemblait des morceaux qu’on avait composés pour certains 2 ans avant et qui était une espèce de patchwork, de condensé de tout ce qu’on avait fait à l’époque. Donc même si c’est vrai qu’on avait fait le premier sans réfléchir et sans se prendre la tête, là pour « Rust & Gold », tout s’est fait dans un laps de temps très réduit, et donc il est presque plus instinctif que le premier.

Loïc: Moi je dirais plutôt non… Je pense que celui-ci est beaucoup plus réfléchi en terme de production et de sonorité, même si c’est vrai que la musique est sortie très instinctivement. Donc ça reste forcément instinctif parce qu’on est comme ça, l’instinct, c’est une façon de composer.

Jules: Oui voilà, on a plus réfléchi à ce qu’on voulait mais après, une fois qu’on était lancés, la musique est venue instinctivement. C’est un peu paradoxal, c’est vrai, mais on pourrait parler d’instinct réfléchi.

 

Qu’est-ce qui a changé en terme de composition pour cet album par rapport au premier ?

Jules: Pour le premier album, c’était en majorité Loïc et moi. Cette fois-ci, on a beaucoup moins travaillé chacun de notre coté, même si quelques maquettes ont été apportées par Loïc. Mais le travail de mise en forme, de réflexion sur les sons, tout ça a été fait à cinq. Donc la composition a été beaucoup plus partagée sur cet album.

Vous avez dit que c’était votre expérience du live qui avait enrichi et façonné votre premier album, qu’en est-il de « Rust & Gold » ?

Jules: C’est sûr que l’envie de faire des morceaux plus pêchus, quand on commençait à faire du live, se retrouve ici aussi. Mais, finalement, il y a beaucoup de morceaux posés sur « Rust&Gold », donc même si on pensait au live, c’est pas ce qui a déterminé l’album. On avait vraiment envie de faire juste les morceaux qu’on voulait et derrière on a pris confiance en nous et on savait que de toute façon on arriverait à les adapter pour le live.

 

Toujours à propos de la composition, vous avez déclaré: « on peut dire qu’il y a eu une réelle volonté de changement, on en avait marre d’être catégorisés. » Qu’est ce que vous avez cherché à changer en abordant cet album ?

Loïc: On a voulu apporter un peu plus de relief à notre musique, quelque chose d’un peu plus « à part ». On a toujours eu envie de créer un peu des OVNI musicaux mais je pense le premier était beaucoup plus lisible que celui-ci. Et même si notre mot d’ordre est de rester accessibles, on voulait complexifier notre musique tout en gardant un degré de lecture possible et pas faire des choses trop compliquées.

Jules: Tout simplement, on a voulu faire quelque chose qui nous ressemble, qui ressemble plus à la musique qu’on aime et qu’on écoute, parce que je crois qu’on écoute pas vraiment de « Dream Pop ». Ça c’était juste le résultat de nos influences et des choses qu’on assemblait ensemble. Et aussi, il faut savoir que quand on a commencé, on était deux, on faisait de la musique dans notre chambre, donc c’était de la musique posée parce que c’était composé le dimanche quand on avait le temps. Ensuite quand on a commencé à faire des lives on a eu envie de sortir de ce coté posé. En fait je pense que le plus gros changement entre les deux c’est la maturité musicale. Quand t’arrives avec un premier album, t’es nouveau, t’es débutant et t’as envie de faire quelque chose qui soit le plus professionnel possible et la meilleure façon d’arriver à ça est de faire un truc assez lisse, donc c’est ce qu’on a fait.

 

Que diriez vous a quelqu’un qui a aimé votre premier album et qui s’apprête à découvrir le second ?

Jules: « C’est encore mieux ! » (rires)

Loïc: Moi je dirais rien je pense, c’est comme quand tu vas voir un film, t’as pas envie qu’il y ait quelqu’un qui te dise « alors c’est un film qui parle de ça, il va se passer ça à tel moment. »

Jules: Si, je pense qu’on peut juste dire que c’est un album qui nous ressemble plus, il ressemble plus à ce qu’on aime.

Loïc: Et aussi, cet album est plus une photographie d’un instant de notre vie, contrairement au premier qui avait été fait sur une longue période et qui ne correspondait pas à moment précis.

Votre nouvel album regorge d’influences blues et soul, comment sont venues ces sonorités ?

Jules: On écoute beaucoup de Soul, de Funk, de Reggae, et au moment où on a commencé à bosser sur l’album avec Loïc, on s’est dit qu’on avait envie de faire quelque chose qui sonnait comme de la soul, de la Soul Isaac Delusion, de la Soul à notre sauce. On voulait ce coté ternaire, un peu lancinant, érotique, chaud, et rugueux.

 

Une des particularités de votre groupe réside aussi dans la voix de Loïc, comment en es-tu arrivé à chanter de cette façon ?

Loïc: J’ai mis du temps avant de vraiment trouver comment je voulais chanter, et après c’est arrivé naturellement au tout début du projet quand j’ai voulu chanter par-dessus les machines. C’était plus un côté pratique qui me permettait de passer au-dessus de l’instru, c’est le moyen que j’ai trouvé. J’ai aussi été influencé par des groupes que j’écoutais plus jeune comme Radiohead ou Sigur Rós, tout en développant mon style. Comme d’habitude, c’est un mélange de plein de trucs.

 

Vous aviez composé un titre en français pour le premier album, mais vous l’aviez finalement mis de coté pour la suite, donc est-ce que c’est Cajun qu’on retrouve sur « Rust & Gold » ?

Loïc: Eh non, c’est pas Cajun… Ce morceau ne collait pas non plus avec notre nouvel album, c’était quelqu’un chose de très lent avec des bruits de casseroles qu’on avait enregistrés un jour, je sais même plus pourquoi on avait fait ça. (rires)

 

Vous parlez souvent de votre intérêt pour le cinéma, quels sont les films qui vous ont marqué récemment ?

Loïc: Moi j’ai vu le film sur Lynch « The art of life », c’était cool. Sinon on au vu Paterson, le dernier film de Jim Jarmush.

Jules: Ah oui Paterson, c’est bizarre, j’ai rien compris au début et en fait c’est ça qui m’a accroché.

 

Pour terminer on va faire une petite playlist des morceaux qui vous suivent.

Est-ce qu’il y a un morceau, ou un album, ou un album que vous écoutez depuis très longtemps mais que vous repassez régulièrement ? 

Jules: L’album de Jai Paul.

Loïc: Je dirais l’album « Takk » de Sigur Rós, c’est un chef d’oeuvre. Ou alors Sparklehorse, « It’s a wonderful life ».

 

Quel est le morceau que vous préférez jouer en live ?

Loïc: Moi c’est peut être Cajun, parce que c’est en français et ça me fait kiffer de chanter en français, j’ai l’impression de moins raconter du Bullshit et les gens comprennent, c’est une sensation incroyable. (rires)

Parmi les artistes récents, est-ce qu’il y a quelque chose que nous ne devons pas rater ?

Loïc: Il y a deux jours, on a joué avec Clara Luciani et on a bien aimé, les instrus sont bien. Et sinon Papooz c’est nos potes, et on adore ce qu’ils font.

 

 

Crédit photo: Jacques-Henri Heim

Chroniqueur
  • Date de l'interview 2 782 vues 2017-05-13
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