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Interview de The Wave Pictures

The Wave Pictures

A l’occasion de leur passage à Paris, nous avons rencontré David, Franic et Jonny des Wave Pictures, juste avant leur concert au Point FMR. L’occasion d’évoquer leur nouvel album, Bob Dylan, la fin du CD, ou encore les toasts aux haricots.

Bonsoir les Wave Pictures ! Comment allez-vous ce soir ?

(en choeur) Bien ! On va bien, merci.

 

Bien. Commençons par parler musique ; vos influences sont multiples : vous êtes de toute évidence sensibles au songwriting de Dylan ou Lou Reed, vous écoutez du rock’n’roll des années 50, vous aimez le son garage, le blues, et même l’afro-pop… D’après les deux singles qui sont sortis jusqu’ici, votre nouvel album (Great Big Flamingo Moon, le 17 février) sonne très rock’n’roll, assez brut et punchy, cela reflète-t-il le reste de l’album?

Oui ! En réalité il sonne très rock’n’roll, et cela est en partie dû au fait que nous avons utilisé de vieux instruments, tout le matériel utilisé sur cet album sort tout droit des années ’60, donc oui on suppose que ça doit se ressentir ! Mais l’album comporte aussi une ou deux ballades, du genre typique de David quand il se met à écrire des trucs plus tristes. Mais en gros, oui c’est rock et on très contents de ce son, car il se rapproche de celui de beaucoup d’artistes qu’on aime, des années ’50 et ’60.

 

Vous avez enregistré cet album avec Billy Childish, pouvez-vous nous parler de votre rencontre et de l’enregistrement ?

Franic: Eh bien nous étions en interview avec Marc Riley (animateur radio anglais) de la BBC radio music, et il nous a demandé ce qu’on écoutait, et on écoutait justement les disques de Billy Childish; c’est l’un des rares artistes modernes dont on aime vraiment la musique. Marc nous a dit le connaître, et David a demandé à Marc de lui demander si ça l’intéresserait de bosser avec nous. On s’est dit que ça serait vraiment génial de sonner comme du Billy Childish, et voilà ça a un peu commencé comme ça…

David :…Mais attendez l’histoire ne s’arrête pas là ! On pensait, au départ, qu’on ferait simplement un album de reprises, entre autres de Bo Diddley, de Chuck Berry, et que Billy l’enregistrerait. Mais quand on l’a rencontré, il nous a dit : » mais allez les gars, ça sera bien plus fun de composer ensemble ! » et c’est ce que nous avons fait. Billy a composé la musique, et moi les paroles. Et effectivement c’était bien plus excitant comme ça. C’était très fun comme collaboration. Aussi, lorsqu’on a commencé, on ne savait pas que les chansons qu’on enregistrait feraient le prochain album des Wave Pictures. On se disait juste que c’était un projet marrant, mais pas nécessairement en vue d’en faire notre prochain album… On voulait juste s’amuser, prendre du plaisir. Puis, au fur et à mesure, on s’est dit « pourquoi pas juste un EP, 4 ou 5 chansons… » et puis au final c’était tellement génial que la décision d’avoir un album entier s’est presque imposée à nous.

 

Vous avez pas mal tourné en Europe dernièrement, comment ça s’est passé, avez-vous un endroit ou un public favori?

On adore jouer en Europe, en particulier en Allemagne, en Espagne… Jouer en Europe, c’est ce qu’on préfère de toute façon. Paris est cool aussi. Mais dans le reste de la France… le public est différent. Alors qu’en Allemagne par exemple, partout ou on joue c’est pareil, c’est « facile » dans toutes les villes. On a aussi bien aimé jouer en Autriche, en Suisse…Et en fait, pour la 1ère fois, nous avons vraiment vécu de bons shows chez nous au Royaume-Uni. C’était une grande première… On a toujours eu du mal en Angleterre, on a mis du temps à décoller. Bien plus qu’à Paris finalement…

 

…C’est vrai qu’ici on est assez friands de groupes indés anglais.

Oui ! Le problème en Angleterre c’est qu’il y en a beaucoup trop, je suppose.

 

Y a-t-il une salle de concert dans laquelle vous aimeriez vraiment jouer ?

Cette année nous allons jouer au 100 club et ça, on a hâte. C’est vraiment une salle remplie d’histoire, les Stones y ont joué… Beaucoup de grands du jazz également… On a aussi assisté à un super concert de Wilko Johnson dans cette salle…Oui, on a vraiment hâte.

 

Vous avez fait beaucoup de collaborations, donc dernièrement avec Billy Childish, mais avant cela avec Darren Hayman, Stanley Brinks (ex-Herman Dune)… Avec qui aimeriez-vous jouer par la suite ?

Hum… On parle beaucoup de cela pendant nos tournées, des gens avec qui on pourrait vraiment faire de la bonne musique, de ceux pour qui jouer avec nous ferait remonter leur niveau aussi (rires)… et la conclusion est la suivante : Bob Dylan. Tu l’auras peut-être remarqué, mais Bob Dylan dernièrement… (il mime une courbe descendante). Oui, la qualité n’est plus la même, enfin lui il reste quand même archi-cool, mais son groupe est nul, il faut le dire. On pense qu’on peut l’aider à remonter la pente (rires).

 

Comment avez-vous commencé la musique, y a-t-il eu un déclic ?

David (guitariste): Moi j’ai commencé la guitare à 6 ans, un peu par hasard, et quand j’ai eu 14 ans, fatalement j’ai voulu intégrer un groupe de rock.

Franic (bassiste): Alors en ce qui me concerne c’est différent, je me suis essayé à beaucoup d’instruments avant de choisir le mien. Je jouais très mal. La clarinette, le piano… J’ai commencé la basse vers 15 ans, je n’étais pas très doué non plus. Et puis j’ai aussi voulu jouer dans un groupe, David cherchait un bassiste, et finalement après quelques temps, j’ai fini par devenir plutôt bon.

Jonny (batteur): mon père jouait de la batterie, et ma mère nous a dit, à mes frères et moi : les garçons, vous pourrez jouer ce que vous voudrez, à condition de passer par le piano d’abord. Du coup on s’est tous mis à fond au piano (rires) et pour ma part dès que j’ai atteint le niveau requis, j’ai choisi la batterie. Sans doute parce que c’était l’instrument de mon père.

David: en fait, c’est drôle, nos 3 pères jouent nos 3 instruments ! Et d’ailleurs c’est eux qui jouent dans notre vidéo de Lisbon.

 

Je vois… Alors ça c’est sans doute quelque chose dont il faudra parler en thérapie…

(rires) Oui ! Sans doute as-tu raison.

 

Bon et sinon, vous écoutez quoi ces temps-ci ?

David: Beaucoup de Billie Holliday.

Franic: Pas mal de John Lee Hooker, particulièrement les disques qu’il a fait avec Vee-Jay records.

Jonny: James Brown. Franic m’a offert son live à l’Apollo, ça devait être en ’62 ou ’63 je pense, et c’est un très bon album, c’était avant qu’il ne devienne trop « funky »!

David: Oh! Il y a aussi Franco ! Franco & The OK Jazz, c’est congolais et c’est vraiment bien (Franic et Jonny approuvent en choeur)

 

Votre dernier concert en tant que spectateurs ?

David: Wreckless Eric. C’était un concert pour ses 60 ans, au Lexington…

Franic: …Euh oui enfin, on a aussi joué à ce concert je te rappelle.

David: Ok c’est vrai, mais on y serait allé de toute façon. On aurait pas loupé ça.

Jonny: On a aussi été au Fortuna Pop Winter Sprinter festival pour écouter Darren Hayman – qui va jouer ce soir – qui jouait avec un de ses groupes, le Hayman Kupa Band.

 

Parlons un peu de l’industrie musicale. J’aimerais connaître votre avis sur le téléchargement, la mort du CD, le fait que les artistes ne gagnent plus leur vie qu’en donnant des concerts… Certains groupes sont géniaux mais peuvent à peine payer leur loyer, n’est-ce pas ?

Oh oui. Ce que tu dis est très vrai. On gagne à peine notre vie. D’ailleurs, Jonny a même encore un day job !

 

Alors que le groupe existe depuis plus de 10 ans, et vous êtes quand même assez connus…

Oui, c’est dur. Mais pour en revenir au téléchargement, quand il y a eu les campagnes anti-downloading, on a beaucoup parlé des énormes stars, type Britney Spears, Metallica… Mais en réalité ce sont des artistes comme nous qui sont les plus touchés dans cette histoire, les petits groupes, les disquaires et les labels indé pour qui c’est dur de survivre. Et puis il faut quand même parler du CD : je trouve tellement triste ce qui se passe avec le téléchargement. On n’écoute plus comme avant, on zappe au milieu des chansons, on s’ennuie beaucoup plus vite. Sur un écran d’ordi, tout se ressemble… mais le cover, c’est tellement important. Un album raconte une histoire, il faut l’écouter du début à la fin, dans un ordre précis, quel dommage que tout cela disparaisse. Pour moi, l’album, que ce soit CD ou vinyle, ça reste tout de même la meilleure façon d’écouter vraiment de la musique.

 

David, celle-ci est pour toi : tu es un super guitariste…

Ah ! J’adore déjà cette question !

 

…Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui commence cet instrument ?

Je pense que c’est important de prendre de vrais cours, au moins pour les premières années, persévérer…

 

Mais le F est si difficile !

Ha !  Oui n’est-ce pas ? On est tous passés par là, en ce qui me concerne le F et les barrés ont été un véritable calvaire ! Mais il ne faut pas lâcher. Il faut aussi attendre de vraiment bien maîtriser la guitare acoustique avant de passer à l’électrique. Je ne connais aucun bon guitariste électrique qui ne soit pas bon en acoustique.

 

Vous vivez tous les trois à Londres. Des endroits cools à nous recommander ?

David: Meraz ! C’est un super restau indien, on y va très souvent. Marcher le long de la Tamise aussi, il y a tant de jolies choses à voir…

Franic: J’aime aussi le long du canal…

Jonny: …Et pour le soir, je recommande le Lexington !

David: Il y a aussi Denmark street et ses alentours, pour les magasins de guitares, les libraires et disquaires.

 

Dernière question : vous parlez quand même très souvent de bouffe dans vos chansons. Est-ce que vous cuisinez ?

David: Non! C’est juste qu’on aime vraiment la bouffe ! (rires) Mais Franic cuisine quand même un peu, non ?

Franic: Oui, ce matin, j’ai fait de délicieux beans on toast ! (rires)

David: C’était très bon d’ailleurs ! Et c’est vraiment vraiment très important pour moi de ne pas mettre les haricots directement sur le pain, parce que sinon ton pain devient tout mou et trempé, et je n’aime pas du tout ça ! Et Franic le sait, donc il a pris soin de mettre les haricots de côté pour moi, voilà qui te montre à quel point il est bon cuisinier.

Jonny: Oui alors que moi j’aime avoir mes haricots vraiment sur le toast, et c’est ce qu’il a fait pour moi, donc oui à partir de là, on peut dire que Franic est vraiment un bon cuisinier.

 

 

Tam
Chroniqueur
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment