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Interview de Superpoze

Interview de Superpoze

La première question originale, qui es-tu ?

Je m’appelle Gabriel, mon nom c’est Superpoze, je fais de la musique depuis plusieurs années, je viens d’une culture et d’une scène de beatmaking. J’ai beacoup tourné en 2013 avec mon premier live, je suis parti à l’étranger, j’ai sorti deux EP sur mon label qui s’appelle Combien Mille Records et un EP chez Kitsuné. Sur ces EP j’avais un son assez défini, mais j’ai énormément tourné, j’ai écouté beaucoup de musiques différentes, et finalement je me suis posé l’année dernière pour composer un album qui s’appelle Opening qui change un peu par rapport à mes productions d’avant. Donc on est en 2015 et j’en suis là !

 

Comment tu t’y prends pour composer ?

Ça a pas mal changé justement entre les EP et l’album, ça s’entend je pense, mais après y’a un truc marrant c’est qu’il y a beaucoup de sons que j’avais déjà utilisés dans mes EP qui sont en fait les mêmes dans l’album mais je les ai tellement transformés qu’on ne les reconnaît plus du tout. Pour la méthode de composition y’a aussi des changements, avant je samplais beaucoup, ce que j’ai peu fait sur l’album, je partais d’un sample, d’une batterie, et je construisais le morceau par dessus. Je pensais morceau par morceau, j’en composais 15-20 et je prenais les 5 meilleurs pour faire un EP. Pour l’album c’est pas du tout ça, dès le début je me suis dit que j’allais faire un album, je voulais que quelque chose se dégage de cet album, donc j’ai récupéré un vieux piano d’étude dans ma maison d’enfance, et j’ai composé tout l’album avec ce piano et après j’ai retravaillé les sons, utilisé des synthés, etc… Donc j’ai vraiment eu un travail de mélodie et de piano sur cet album, alors qu’avant c’était moins évident.

 

Donc là pareil, t’a fait beaucoup de morceaux et t’as choisi après, je suppose.

Oui j’en ai fait plein plein plein mais toujours dans la même idée, et après j’ai presque fait du montage avec ce qui me plaisait le plus. En fait, au début j’ai commencé à faire des morceaux avec ma méthode de composition précédente, mais ça ne marchait pas, ça ne me touchait plus du tout, j’avais entendu trop de cuts de voix de choses comme ça. Donc je me suis dit que je n’allais pas me préoccuper des attentes par rapport à la musique de Superpoze et je me suis juste mis à faire ma musique. Donc à partir de ce moment-là je me suis vraiment libéré des formats.

 

Justement, ton album ne fait que 8 titres, pourquoi ?

Y’en a 8 parce que les pistes se séparent en 8, mais ça pourrait être que 6 morceaux, ça pourrait être 12 morceaux. C’est un album parce qu’il n’est pas pensé en compil de morceau. Y’a pas de single, je me suis dit que j’allais faire un objet comme je le sentais.

 

Tu l’as appelé Opening, tu considères que c’est le vrai début de ta carrière ?

Il y a un peu de ça, en même temps j’assume à 1000% tout ce que j’ai fait avant, mais c’est un peu une question de mise en abîme. Opening, c’est le nom du premier morceau, ça ne veut pas dire que c’est le vrai début de Superpoze, ou le début de carrière, ce n’est pas ça, par contre c’est l’introduction de ce que peut être ma discographie maintenant. En gros ce que j’essaye de dire c’est que j’ai fait ces EP-là, ils sonnent comme ça, mais aujourd’hui je sors un album qui sonne autrement, ça veut dire que Superpoze ça peut être ce que je veux vraiment, c’est statutaire pour moi. Ce n’est pas le « vrai » début, c’est juste qu’à partir de là je peux faire toute la musique que je veux. J’ai toujours aimé écouter les discographies complètes, et je m’intéresse beaucoup aux différents disques des artistes que j’aime.

 

La question nulle, mais toujours utile, pourquoi Superpoze ?

J’étais très Hip Hop au lycée, je m’intéressais beaucoup à cette culture là, je faisais du graffiti avec mes copains, on faisait du rap, etc… et donc c’est juste la culture du blaze ! Avoir un nom qui claque et que tu peux tagger, c’est juste visuel et sonore « Superpoze » ! Il n’y a pas de sens, c’est juste un blaze.

 

Selon toi, de qui pourrait-on rapprocher ta musique ?

Je ne sais pas trop de qui on peut rapprocher ma musique par contre je sais qui m’a influencé musicalement quand je composais cet album, je préfère le formuler comme ça parce qu’il y a des trucs qui sont sortis récemment qu’on pourrait rapprocher de moi, mais en fait je ne les ai pas écoutés du tout, je ne me sens pas forcément proche d’eux… J’ai lu dans plusieurs chroniques qu’on parlait de l’album de Saycet, on m’a parlé de Rone aussi. Moi j’adore Rone, l’humain et sa musique, mais je ne pense pas que sa musique m’ait vraiment influencé.

Donc bref, déjà sur le format, y’a un truc qu’est très clair, c’est l’album de Darkside, j’ai vu que des artistes sortaient des albums qui s’écoutaient en entier, peu importe le nombre de titres, ce n’est pas la question, tu regardes même pas le tracklisting. Il y’a aussi Immunity de Jon Hopkins qui a été très marquant pour moi. Après y’a des trucs qui remontent un peu plus, je suis un grand fan de Philip Glass, surtout son utilisation des pianos, des arpegiators, etc… J’aurais jamais fait mon Overseas si je n’avais pas écouté ça. Et puis après y’a Air, Massive Attack, aujourd’hui ça peut sonner un peu daté, mais ce sont des gros disques pour moi. Et évidemment j’ai été bouleversé, renversé, par l’arrivée de Flying Lotus, c’est le patron pour moi !

 

On peut revenir sur ton album, je trouve (et je ne suis pas le seul) qu’il nourrit énormément l’imagination, est-ce que toi tu avais des images en tête quand tu l’as composé ?

On m’a déjà posé ce type de question, et justement non. Forcément la musique renvoie à des images, qu’on a vu dans des films par exemple, c’est l’inconscient collectif. Mais moi quand j’ai fait cet album,  c’est un peu étrange, mais j’ai vraiment fait que de la musique. On me dit que ça évoque des paysages, l’espace, etc… mais ce n’était pas une intention, donc oui ça évoque des choses, mais c’est ça qui est génial avec la musique: tu fais du son, tu cherches à faire des belles mélodies, à travailler des sonorités et à faire un album qui se tient et après tu te le prends en pleine face. C’est ce que j’appelle l’effet boomerang, moi c’est comme ça que je sais quand j’ai fini un morceau. À un moment tu sens que quand tu l’écoutes tu te le prends comme un auditeur quelconque. Parce que quand t’es en train de le faire, t’es dedans, et si ton morceau te revient pas de manière spontanée c’est qu’il manque quelque chose à mon avis. Il faut se le prendre comme si c’était le son de quelqu’un d’autre. Ce qui m’intéresse vraiment dans l’art et la création, c’est qu’on utilise que des éléments du réel, et que tout ça mit ensemble ça te permet de déconnecter du monde. C’est la force de la peinture aussi, je suis fan de la peinture de Magritte, et de tout le surréalisme, il représente des éléments du réel, mais en même temps quelques trucs qui te montrent que ce n’est pas vraiment la réalité. C’est du concret, du physique, et pourtant ça t’en décroche.

 

Ton album me met dans une atmosphère assez sombre, il pleut, et à la fin un arc en ciel apparaît, ça te plaît cette image ?

Oui, et justement est-ce que vous avez remarqué à la fin de l’album, dans Home Is Where I Am tout est en majeur, mais avec le dernier accord, je pose la question de cette ouverture solaire, que tu vois comme un arc-en-ciel ! (rires) En fait le dernier accord est mineur alors que tout le reste est en majeur, c’est le « à suivre » à la fin de la saison 1. Après pour l’ambiance générale, j’ai composé l’album quasiment en entier chez ma mère à Caen donc il pleut souvent, etc… Mais comme j’ai dit tout à l’heure, toutes les lectures sont possibles parce qu’à la base j’ai juste fait de la musique donc je vous laisse ressentir ce que vous voulez.

 

Tu as composé ton album comme une unité, sans chercher à faire de singles ou quoi que ce soit, comment as-tu choisi Unlive et Overseas pour annoncer l’album sur Soundcloud ?

Pour moi l’enchaînement de ces deux morceaux là c’est le gros moment de l’album. C’est mon moment préféré. (rire) C’est vraiment un truc que j’ai bien travaillé et que j’aime beaucoup. Après ça a été super naturel de sortir Unlive en premier parce que c’est un des morceaux qui s’isole le mieux tout simplement, et sur lequel y’a vraiment quelque chose qui se développe qui puisse être puissant sans le concept des autres. Et pour le deuxième j’ai hésité entre Overseas et Ten Lakes, qui sont vraiment différents, mais j’aime bien le centre de cet album Overseas – Unlive donc j’ai choisi ça.

 

 

Tu étais « presque célèbre » dans le Grand Journal, qu’est ce que ça te fait ?

Ce n’est pas le plus important pour moi, ça fait évidemment plaisir d’être sollicité pour ce genre de trucs là, mais c’est relatif. C’est cool d’avoir de l’exposition pour présenter ma musique et pour que les gens l’écoutent. À la fin de ma tournée avec mes dates et tout, si j’avais pensé comme ça « presque célèbre », je crois que j’aurais fait un album type « The Iceland Sound » qui aurait ressemblé à ce que j’ai toujours fait. Mais je n’ai pas fait ça donc ça prouve que ce n’est pas le plus important.

 

Tu as déjà collaboré avec Stwo, Fakear, Thylacine est d’autres, qui voudrais-tu pour la prochaine fois ?

Dream Koala et Andrea ! On me demande souvent « avec qui tu rêverais de collaborer ? », alors oui je suis fan de Jon Hopkins ou de Bonobo, mais je ne veux pas collaborer avec eux ça n’aurait pas de sens, je les admire trop… Parfois je suis même déçu de rencontrer des gens que j’admire en festival, parce que je les admire tellement que je n’ai pas envie de leur parler parce que pour moi c’est de la musique, c’est des images, faut que ça reste un mythe. Donc les collaborations qui m’intéressent, c’est celles avec des gens avec qui on a une connexion, on ne fait pas la même musique, on a pas les mêmes références, mais on peut passer des heures ensemble à discuter de trucs. Typiquement, la collaboration avec Stwo c’est dans sa chambre, dans sa maison chez ses parents que ça a commencé.

 

Et du coup je viens de penser à la une de Tsugi, avec le gros titre « L’anti french touch », tu peux m’en dire plus ?

Pendant l’interview on a expliqué avec Fakear et Thylacine que vu qu’on est français et qu’on fait de la musique électronique on nous associe souvent à la french touch. Nous on a dit que quand on était ados, notre découverte de la musique électronique ne s’est pas faite avec la french touch, on a pas les albums de Justice, on a pas ceux de Daft Punk, par contre on a les Boards of Canada ou des choses comme ça, ce sont des trucs qui sont sortis au même moment, mais ailleurs. Donc leur une portait à confusion, mais évidemment moi je ne fais pas ma musique contre Daft Punk, ce serait un peu suicidaire et ça n’aurait pas de sens. De toute façon c’est idiot de faire de la musique contre une autre musique.

 

Voilà, comme ça on a levé l’ambiguïté de la une ! Vu toutes les références que tu cites depuis tout à l’heure, on va faire une petite playlist ok ?

J’adore ça !

 

Le son que t’écoutes depuis super longtemps, mais que t’écoutes encore souvent ?

Il y en a beaucoup ! Je peux dire un son et un album ? Pour l’album, franchement je suis obligé de dire Nevermind / Nirvana. Et un son, Archangel / Burial, que j’ai écouté depuis toujours.

 

Le son que tu préfères jouer en live ?

Mes nouveaux morceaux, ça fait que 3 – 4 fois que je les joue donc je n’ai pas encore de préféré, avant j’aimais bien jouer « The Iceland Sound » parce que les gens le connaissaient, etc… Mais maintenant je cherche vraiment à faire un truc d’ensemble, c’est comme l’album, je cherche une unité. Mais je vais dire Overseas quand même.

 

Un dont t’as un peu honte ?

Suga Suga / Baby Bash, mais en même temps je n’ai pas vraiment honte parce qu’il est mortel ce morceau ! En fait j’écoute que des trucs bien… (rire)

 

Le son du moment à ne pas rater ?

Tout l’album de Superpoze. (rire) Non sérieusement, je vais dire Gosh de Jamie xx !

 

Pour finir, quels sont tes projets, comment vois tu la suite ?

Donc là l’album vient de sortir donc je suis à fond dedans. Sinon, pour la première fois de ma vie je suis en train de réaliser l’album de quelqu’un d’autre, que je ne peux pas citer. Et j’ai aussi entamé un album de collaboration avec un autre musicien qui n’est pas un producteur, que je ne peux pas citer non plus… (rire)

 

 

Interview réalisée à Lyon le 25 avril.

Chroniqueur
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