"> Arcade Fire @ Pavillon Baltard - 22 Novembre 2013 - Live Report - Indiepoprock

Arcade Fire @ Pavillon Baltard – 22 Novembre 2013


Une fois n’est pas coutume, les musiciens se présentant sur la scène du Pavillon Baltard, ancienne halle parisienne classée au patrimoine national, n’étaient pas ici dressés en place publique pour se soumettre aux votes intraitables d’un jury de professionnels, décrocher un gros contrat et ainsi assouvir leur fantasme inavoué de notoriété. Non, ces artistes-là se […]

Une fois n’est pas coutume, les musiciens se présentant sur la scène du Pavillon Baltard, ancienne halle parisienne classée au patrimoine national, n’étaient pas ici dressés en place publique pour se soumettre aux votes intraitables d’un jury de professionnels, décrocher un gros contrat et ainsi assouvir leur fantasme inavoué de notoriété. Non, ces artistes-là se révèlent être des confirmés, véritables diamants bruts du monde de l’indie-rock depuis leur avènement en 2004 et le mythique « Funeral ». C’est sous le nom de code The Reflektors que le sextet de Montréal Arcade Fire donnait ce vendredi 22 Novembre son unique date en France, au cours d’une mini-tournée européenne faisant la promotion de son dernier album paru le mois dernier, « Reflektor ».

Preuve du caractère exceptionnel de l’événement, la mairie de Nogent-Sur-Marne avait déployé l’artillerie lourde: Lettre explicative destinée aux riverains, dispositif policier, annonce de la fermeture des portes à 20h et fin des hostilités à 22h30 tapantes pour limiter les nuisances sonores. Il faut dire que la petite ville de banlieue n’est guère habituée à ce genre de remouds: A la demande du groupe, les deux mille chanceux ayant réussi à dégoter des places sur la toile étaient invités à se présenter costumés, habillés de masques et de tenues en tout genre pour que la fête soit intimement plus exaltante, d’où l’inquiétude des habitants du quartier. D’ailleurs, la composition de la file d’attente longeant l’entrée du site annonçait clairement la teneur des festivités. Tout le monde ou presque à joué le jeu du déguisement (maquillage, paillettes, costumes loufoques…), déjà remarquable sur certains malgré un froid anesthésiant. A l’entrée, un petit orchestre de mariachis accompagne les spectateurs aux sons de ritournelles hispaniques, aux antipodes du décor utilisé pour l’occasion. Guirlandes lumineuses et autres boules à facettes ornent les poutres métalliques du pavillon, jeu de lumières multicolores, rideau de scène à l’effigie du groupe, le tout dans une ambiance de club avec un DJ set particulièrement entraînant. Les clones des membres du groupe (avec leurs désormais célèbres têtes en papier mâché) se payent même un bain de foule pour prendre la pose et se trémousser avec les premiers arrivants.

Alors que toute l’assistance a les yeux rivés sur l’estrade, encore dissimulée par un grand tissu noir, Win Butler et Régine Chassagne débarquent tel un couple princier sur le balcon de Baltard. Sous les acclamations de leurs sujets, les deux amants entonnent My Body Is a Cage dans une version succinte mais ensoleillée, avec Win en fidèle orateur et sa belle aux percussions. Tandis que le duo rejoint la scène, le reste de la troupe introduit progressivement le premier véritable morceau de la setlist. 20h35, le rideau tombe enfin, place à la fête.

Accompagnés de deux musiciens haïtiens aux congas, les canadiens chauffent déjà les travées avec It’s Never Over (Hey Orpheus), premier titre à la puissance contenue qui indique malgré tout le degré d’euphorie que le groupe souhaite envoyer. Ce dernier cherche d’emblée à remuer l’auditoire et y parvient dès le morceau suivant, Neighborhood #3 (Power Out), où les embardées de la fosse se font désormais clairement sentir. Avec une énergie puisée de musiques caraïbeénnes, Arcade Fire enchaîne sur le plus reggae des morceaux du dernier opus, Flashbulb Eyes, avant de poursuivre sa démonstration sur une triplette Joan Of Arc/You Already Know/We Exist. De son côté, le public n’hésite pas à reprendre en chœur les refrains de ces trois titres, ce qui lui vaudra la douce prétention d’avoir décroché un large sourire de satisfaction du chanteur Win Butler. En très grande forme, celui-ci s’approchera régulièrement du premier rang pour partager sa joie et transmettre son énergie, alors que derrière lui, les omniprésents Tim Kingsbury & Richard Reed Perry, la gracieuse Sarah Neufeld ou encore l’impétueux Jeremy Gara et ses coups de butoirs assurent comme toujours parfaitement les arrières.

Cette exaltante communion deviendra plus consistante encore lorsque retentit Afterlife, titre qui par son rythme irrésistible semble définitivement taillé pour être sublimé en live et transcender les foules. Acclamée par le public, la francophone de l’étape Régine Chassagne prend ensuite les devants pour interpréter Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) Haïti, ces morceaux qui sont quasiment les siens tant elle en prend possession avec une folle intensité, radieuse et habitée comme au premier jour. Puis, une fièvre punk vient s’installer dans les derniers instants du concert. D’abord avec le semi-nerveux Normal Person, poursuivi de près par une reprise électrique de The Clash, I’m So Bored With The U.S.A. Les voyants sont donc tous au vert pour clore la soirée en beauté, l’assistance s’est lâchée depuis bien longtemps et quelques morceaux manquent encore à l’appel. C’est le cas de Here Comes The Night Time, balancé en apothéose grâce à ses accélérations carnavalesques et conclut par des jets circonstanciels de confettis, puis d’un rappel composé de Reflektor et de l’hymne indétrônable du groupe, le formidable Wake Up. Frissons à tous les étages avant que le groupe ne salue une dernière fois son public qui, en toute objectivité, aura donc passé une soirée des plus magiques.

Si la nouvelle livraison des canadiens est à cents lieux de faire l’unanimité et d’être ainsi considéré comme la moins aboutie de leur discographie, cette superbe prestation aura eu le mérite de soulever la réflexion suivante: L’album « Reflektor », tant décrié sur les platines, prend-il finalement tout son sens une fois délivré sur scène? Les plus sceptiques garderont donc leur droit de réponse, à l’inverse des plus conquis.

Quoi qu’on en pense, Arcade Fire reste Arcade Fire, et ce n’est pas cette représentation aux allures de concert privé qui aurait pu inverser la tendance. Le groupe canadien reste fidèle à son statut et sait se dévoiler sans failles à son public à chacune de leur rencontre. Pour notre part, on risque de se souvenir encore longtemps qu’un soir glacial d’automne, rue Victor-Hugo à Nogent-Sur-Marne, un monument historique en accueilli dignement un autre…

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  • Publication 781 vues30 novembre 2013
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Arcade Fire @ Pavillon Baltard - 22 Novembre 2013
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