">
Werchter, Roskilde, Benicassim… Quand on parle de festivals d’été à l’étranger, ce sont quelques-uns des noms qui viennent le plus vite à l’esprit. A côté de ces mastodontes se nichent pourtant des événements dont on ne sait rien ou presque mais qui se sont depuis longtemps taillé une belle réputation. Ainsi, depuis maintenant vingt-sept ans, l' »Osterdeich », la rive de la Weser qui borde le quartier bohème de Brême accueille chaque mois de juillet pendant cinq jours la Breminale, un festival qui attire toujours plus de monde pour atteindre les 200 000 spectateurs cette année, excusez du peu… La recette de ce succès est à la fois simple et originale : la gratuité totale pour les quelques 72 concerts proposés sur cinq jours et tout ce qu’il faut pour se restaurer ou boire un verre en se prélassant au bord de l’eau. Mais tout cela s’accompagne d’une véritable exigence de qualité : pas question ici de racketter les festivaliers de 5 ou 6 euros pour leur faire avaler un vague sandwich industriel à l’origine douteuse. Ici, c’est le bio qui est à l’honneur. Même soin apporté à la disposition du site, qui alterne espaces détente, espaces ludiques pour les enfants et chapiteaux pour les concerts, et tout le monde déambule tranquillement, en jouant des coudes mais sans bousculades, le long du kilomètre dédié aux festivités.
La même exigence de qualité se retrouve dans la programmation : évidemment, ici, pas de têtes d’affiche ronflantes, ce sont avant tout des artistes et groupes allemands, mais également d’Angleterre, de France et des pays du Bénélux qui se produisent, mais qui démontreront tous qu’ils ne sont pas là par hasard. Inutile de chercher un groupe au répertoire ou à l’interprétation approximative, au contraire, ce festival se positionne définitivement comme une vraie mine à découvertes. Evidemment, il est impossible de tout voir et il faut se laisser porter par ses oreilles, le hasard ou quelques noms qui se sont déjà fait leur place, comme celui de Barbara Morgenstern, qui dans ce contexte faisait un peu office de grande soeur et qui, symboliquement, s’est fait accompagner, le temps de quelques morceaux, par Tonia Reeh, jeune artiste à l’univers qui rappelle celui de Tori Amos, avant de lui rendre la pareille plus tard dans la soirée. Fidèle à sa démarche qui consiste à tout faire elle-même, Barbara Morgenstern a livré un concert audacieux, pour ne pas dire ambitieux quand on mesure le défi que représente le fait de se partager entre chant, clavier, sampler et autres gimmicks électroniques. Alternant moments enlevés et légers, d’autres plus dépouillés et intimistes, la berlinoise a démontré toute la richesse de son répertoire. Sur les morceaux interprétés avec Tonia Reeh, les échanges entre les deux voix ont rajouté un supplément d’âme et de poésie et donné encore plus de relief aux chansons.
Au rayon découvertes, impossible de ne pas citer Intergalactic lovers, groupe belge déjà comptable d’un album et sur le point d’entrer en studio pour enregistrer le second après ce concert. Le quatuor joue une pop à guitares ciselée, toute en montagnes russes, qui évoquera parfois celle de leurs compatriotes Girls In Hawaii, portée par le charisme et la voix de Lara Chedraoui, leur chanteuse. Une voix à l’aise dans tous les registres, profonde, qui donne encore plus de dimension à une écriture et une verve mélodiques réjouissantes. Le public se montrera d’ailleurs plus qu’enthousiaste au point qu’à la fin du concert, le guitariste reviendra sur scène pour s’excuser de l’impossibilité pour eux de faire un rappel, respect des horaires oblige…
Autre concert réjouissant, celui d’Abby, groupe berlinois qui vient de publier « Friends and enemies », son premier album, et est promis à un avenir brillant avec sa pop portée avec le même bonheur par guitares et arrangements électro. D’entrée, le groupe s’est appuyé sur ses morceaux hyper accrocheurs, en étirant certains pour les rendre encore plus dansants et entraîner un public très vite conquis. La formule évoquera souvent les anglais de Foals et, comme par mimétisme, sur le dernier morceau, le groupe invitera une partie du public à monter sur scène pour un final en forme de communion festive.
Fort de ce nouveau succès, sur son site web, le festival fait déjà défiler le compteur des jours qui nous séparent de l’édition 2014. Il est plus que conseillé de se mettre dès maintenant dans les starting-blocks.
Crédit photo : Claude Léa Schneider