Ce sont les anglais d’Arthur Beatrice qui ouvrent le bal. Ils nous proposent un set élégant et très maîtrisé, à l’image de leur album « Working Out ». Ella, la chanteuse, possède quelque chose d’intrigant, un genre de froideur attirante, et sa voix se mélange parfaitement à celle d’Hamish, le bassiste. Certains titrent évoquent la mélancolie de London Grammar, tandis que d’autres, plus pop et soutenus par une batterie dynamique, commencent gentiment à réchauffer la salle.
On passe ensuite au trio américain Au Revoir Simone, qui livre une performance certes pas désagréable mais très lisse, quasiment sans nuances – et sans surprises. Les voix sont jolies (rappelant un peu La Sera) mais trop similaires, le rythme est la plupart du temps un peu plat (3 voix identiques + 3 synthés, au bout d’un moment cela peut devenir ennuyeux), les paroles sont un peu faciles. Bref, l’ensemble est un poil trop sage à notre goût… Les meilleurs passages seront ceux où une des trois filles se décide enfin à s’emparer d’une guitare !
La soirée se poursuit avec Thomas Azier. Apparamment, au vu des groupies dans la salle, on est passés à côté d’un phénomène ! On le croirait tout droit sorti d’Only Lovers Left Alive (le dernier Jarmush), avec son manteau long, sa pâleur, ses joues creusées et son look « oiseau de nuit » . En réalité il a vraiment un petit côté Tilda Swinton…Son électro se nourrit assurément de plusieurs courants, que ce soit cold wave ou drum’n’bass, le tout est finalement assez catchy, et parfait pour un dance-floor. Sa musique et ses mouvements (faisait-il parti d’un boys band dans une autre vie?) ont beau être, comme lui, un peu trop calculés, Azier est cependant un vrai showman qui a le mérite de vraiment chauffer la foule avant le clou de la soirée : Temples.
Ah, Temples. Sur l’écran derrière les musiciens défilent des tableaux hallucinogènes, sur lesquels sont projetées des images créées en live grâce à un système totalement lo-fi (un rétroprojecteur, des couleurs, de l’eau/de l’huile).
Le décor est planté : ô joie, les mecs vont nous faire un truc bien psyché !
Temples a fait bien du chemin depuis leur concert à la Maroquinerie. Le groupe a de toute évidence gagné en assurance et en charisme. Ils n’ont pour l’instant qu’un seul album à leur actif, mais d’une qualité tellement constante qu’on ne s’ennuie à aucune seconde ! Leur musique (et leurs looks) sont un hommage évident au psychédélisme des années 70, sans jamais en être un copier-coller. La voix du chanteur emprunte au rock anglais contemporain, la basse est lourde, la batterie déchaînée. Tour à tour, les tubes défilent et c’est purement jouissif. Quel talent, quelle claque ! Mention spéciale aux longues plages instrumentales bien lourdes et hypnotiques vers la fin du concert, qui ne peuvent que plonger les amateurs du genre dans un état de transe – effet garanti, et ce même sans LSD. C’est officiel : la relève de MGMT est (largement) assurée.