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Toute de rouge et de noir vêtue, sobre mais avec une pointe de fantaisie sur ses souliers, Joan Baez débarque sur scène et tout le monde retient son souffle. Elle a beau être un tout petit gabarit, elle n’en demeure pas moins bougrement impressionante. Dès sa première chanson, on sent la sincérité dans sa voix. Sa voix qui, justement, est étonamment bien en place malgré ses 73 ans. Deux heures durant, elle va livrer un set chanté aussi bien en anglais qu’en français et en espagnol; parfois seule, et parfois accompagnée de musiciens (dont son fils aux percussions). En plus d’être une chanteuse sacrément engagée, Joan Baez est aussi une femme sympathique et pleine d’humour : elle ne manquera pas de nous gratifier de petites anecdotes sur elle, sur son nom, sur ses chansons et sur son entourage, et ce tout au long du set. Cette femme a une classe folle ; et quelle aura !
Au niveau des morceaux, quelques nouveautés par-ci par-là, et beaucoup de grands classiques : Farewell Angelina, Diamonds & Rust, Forever Young, des reprises telles que Suzanne de Leonard Cohen, The Boxer de Simon & Garfunkel et Imagine de John Lennon en rappel.
Elle clôt son set avec Here’s To You, s’en suit une standing ovation évidemment. Elle ramasse les roses des fans du 1er rang et remercie chaleureusement son public. En parlant du public, la moyenne d’âge se situe autour de 60 ans (c’est peut-être d’ailleurs la 1ere fois que je fais un concert assis). Quel dommage que la jeunesse d’aujourd’hui se désintéresse de ces icônes qui ont fait tant de bien à leur génération…
Par un heureux concours de circonstances, j’ai eu la chance et l’extrême privilège d’être présentée à Joan Baez après le concert, et même de boire un coup avec elle et son équipe, dans un coin secret enfoui dans les coulisses de l’Olympia : un rêve ! Je peux donc affirmer à quel point Joan est douce et aimable… « You’re such an inspiration, thank you so much ! » lui ai-je dit, et, voyant comme j’étais émue, elle m’a prise dans ses bras…
Nous sommes donc ressortis de l’Olympia bien après la fin du concert, et quelle ne fût pas ma surprise de découvrir une bonne trentaine de fans sexagénaires qui étaient là à l’attendre…Je ne savais pas que les sexagénaires attendaient eux aussi…C’était assez touchant au fond. Je me suis alors demandé : mais ces gens, ils l’ont déjà vu plein de fois à Joan Baez, ils l’ont peut-être même déjà rencontrée, que font-ils là à patienter dans le froid ? Et bien entendu, la réponse est évidente. Joan Baez a sans doute énormément compté pour eux, elle a peut-être même bouleversé leur jeunesse… Alors, comme moi, ces fans sont pris d’un désir aguerri de la voir encore, de lui parler, et sans doute de la remercier encore une fois. Et je sais d’avance qu’elle les écoutera et les remerciera à son tour. Une Grande Dame, assurément…Gracias a la Vida, et surtout Gracias a Joan Baez !