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Matériel installé, les indispensables carreaux sur le nez et la coupe coiffée/décoiffée mise en place, Minor Sailor est fin prêt pour lancer les hostilités. Il fait dans la dentelle, l’atmosphérique et les envolées lyriques. Et ce n’est pas sans compter sur les aériennes diapositives projetées derrière lui qui montrent de grands paysages vides ou de jeunes enfants dans leurs ébats en pleine nature. Monsieur est un artiste. Mais si l’esthétique cultivée joue beaucoup sur l’appréciation, elle ne suffit malheureusement plus au-delà d’une demi-heure et le concert commence à se faire un peu long. Il semble que nous apprécierions davantage sa musique ailleurs qu’en concert, celle-ci se suffisant à elle-même.
Vient ensuite Perfume Genius, la véritable révélation de cette soirée. Avec juste un piano, le jeune homme parvient à nous bouleverser comme jamais. Ses compositions sont criantes de sincérité et ses mélodies n’ont pas leur pareilles pour résonner au plus profond de notre tourbillon intérieur et s’accorder sur notre propre émotivité. Mike Hadreas se met à nu de manière troublante et, pour peu qu’on soit sensible à sa fibre torturée, l’alchimie opère avec magie. Au cœur de la tourmente, ce garçon a quelque chose d’Ian Curtis. Et ce n’est pas peu dire. Il se livre avec une fragilité et une délicatesse des plus désarmantes ; il y a quelque chose de vacillant chez Perfume Genius. Nous assistons alors à un concert extrêmement touchant, un apprentissage de la grâce dans son sens le plus pur.