">
« Pursuit » est secoué d’une bonne volonté qui fait mouche, Fontao semble se redécouvrir chaque fois une tendresse pour la variante amoureuse, fut-elle de conclusion amère, après avoir réaffirmé avec « Bandrupcy » le bien-fondé de leur propre existence. Et désolé, mais la voix de Fontao est hors du commun – parmi les petits morceaux de bravoure que demande tout bon concert à l’Olympia, il y aura une impressionnante reprise du chanteur Brésilien Caetano Veloso, en portugais donc.
L’Olympia est une salle dangereuse. Le chanteur lui-même le disait lorsqu’on a pu échanger quelques mots avec lui backstage à l’issue du concert ; ils ne s’entendaient pas jouer, ne voyaient pas leur public. Ce n’est pas aussi facile que la Cigale, où le groupe – Emmanuel Barichasse à la guitare, Arno Bordas à la basse, François Ernie à la batterie et José Reis Fontao au chant/guitare – s’est produit au mois de mars.
La salle a peut-être été un peu plus longue à chauffer mais, finalement, vers le milieu du concert, nos jambes avaient pris le contrôle de nos corps et nous sautions sur place, les bras en l’air, quelques-uns d’entre nous slammant amicalement au-dessus des gens amassés, debout, dans la fosse, heu, pardon, l’Orchestre. Il y avait une véritable envie collective de participer à l’effort. Il aurait juste fallu donner une tequila gratuite aux personnes du balcon, dont certaines étaient appuyées, la tête dans les mains, dodelinant.
Le reste du concert se déroule avec la jovialité habituelle : on en profite pour fêter l’anniversaire du guitariste, pour échanger quelques blagues, tandis qu’Arno Bordas, globalement, tire son épingle du jeu avec une présence aussi stoïque qu’électrique à la droite du lieutenant Fontao. Chaque chanson semble se construire sur l’excitation de la précédente. On attend des morceaux de « Pursuit » qui ne viennent pas, même si Purple, Silent and Sweet et l’inévitable chanson-titre ont déjà été jouées. Mais cette attente fait partie de la surprise. Puisque nous sommes à L’Olympia, Stuck in the Sound a mis les petits plats dans les grands en conviant un quatuor à cordes à la fête.
Le résultat, c’est un rappel formidable et les deux chansons les plus mélancoliques de l’album, Tender et Criminal, unies entre elles par le sacre des violons et du violoncelle. Un bien beau mariage. On continue avec Let’s Go, Teen Tale, on croit que le concert est fini, mais un deuxième rappel tonitruant constitué d’une seule et 20ème chanson fait cesser le fonctionnement des muscles de nos bras perpétuellement levés et de nos jambes bondissantes. Les applaudissements sont nourris, le groupe salue, heureux d’avoir finalement terrassé la bête Olympia. Ce n’était pas si difficile : un peu plus de son dans les retours et c’aurait été parfait pour eux. Non ?
Crédit photo : Rémi Tan