Ils sont cinq, ils sont de Leeds et mettent admirablement en chanson... leur quotidien pourri.
Après avoir tourné depuis 2010, le quintet originaire de Leeds (bisous Alt-J et Kaiser Chiefs) se jette dans les bacs avec un bel album éponyme, exploitant avec talent un son de l’ère post-punk portée par, entre autres, Killing Joke, dont il ont assuré la première partie et avec lesquels ils partagent l’utilisation de certains effets guitare, dont la reverb, donnant l’impression qu’une partie du groupe joue du fond de la cour.
« Eagulls », c’est une atmosphère musicale spécifique, donc, plaquée sur le récit d’un quotidien morne, avec ses problèmes de boulot, de couples, de stress, de mal-être, tels que les révèlent les titres équivoques des morceaux.
Punk par le contenu? Post-punk par le son? Rock anglais populaire pure souche dans tous les cas, énergique mais pas énervé.
A la première écoute, « Eagulls » c’est un peu le morceau de noix caramélisé plus gros que les autres dans le pot de glace, celui qui apporte une espèce d’inattendue satisfaction, la pépite, la trouvaille, l’album qui sort du lot et raccroche avec d’autres moments forts, relatifs à d’autres découvertes musicales poignantes. C’est nouveau, mais ça renoue avec une histoire connue.
Ne pas compter sur un morceau pétri de positivisme bucolique et aseptisé dans ce set : aucun air guilleret ne viendra colmater les ruines sociales qui sont contées. Une noirceur diffuse envahit l’espace, mais n’empêche cependant pas de rester vissé sur l’enchaînement des constats amers, sans se muer en apitoiements, d’une vie banale parfois glauque, tellement bien illustrée par la couverture de l’album, mettant en scène le marasme suburbain des quartiers populaires anglais.
Les morceaux s’enchainent avec la même intensité et la même accroche. C’est un ensemble de titres nerveux qui ne laissent aucune place à l’ennui. La basse insistante est un vecteur prédominant, une marque de fabrique du groupe que les morceaux Nerve Endings, Hollow Visions, Yellow Eyes, Footsteps exploitent à merveille. Les rythmiques guitare saturées en second plan, la voix gutturale, participent à la mise en place d’une identité sonore bien aboutie. Après cet album, on reconnaitra Eagulls à coup sûr, au premier temps de la ligne de basse, au premier riff, à la première phrase.
Tough Luck est le titre pour lequel on en redemande et débute le set du micro-live organisé chez KEXP, à voir ci-dessous.
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- Publication 686 vues18 août 2014
- Tags EagullsPartisan Records
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Tracklist
- Nerve Endings
- Hollow Visions
- Yellow Eyes
- Tough Luck
- Amber Veins
- Possessed
- Footsteps
- Fester / Blister
- Opaque
- Soulless Youth