"> Encre - Encre - Indiepoprock

Encre


Un album de sorti en chez .

La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Entre Fugu et Encre, le dada du mois, aucun point commun, à part dans le jusqu’au boutisme propre à chacun des deux artistes. Si Fugu se gave du passé pop 60’s, le son d’Encre se sert de toute la musique moderne pour en reconstruire une […]

La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Entre Fugu et Encre, le dada du mois, aucun point commun, à part dans le jusqu’au boutisme propre à chacun des deux artistes. Si Fugu se gave du passé pop 60’s, le son d’Encre se sert de toute la musique moderne pour en reconstruire une nouvelle, tout en explorant des émotions inédites dans le domaine de la chanson française.

Le parti pris évoque le premier album de Programme, mais pour autant, le premier album d’Encre ne ressemble pas à grand chose de connu. Essentiellement basées sur des samples, assemblés, désincarnés, parasités et salis, les chansons d’Encre partent d’une rage sourde où les pères sont défenestrés : d’ailleurs Yann Tambour, l’homme qui se cache derrière Encre, ne revendique aucune influence, à part Smog et Low. Lesquels n’ont évidemment rien à voir avec cette agression chantante qu’est la musique de Encre. Même si elle ne se prive jamais d’une mélodie forte et discrète, mais toujours fortement émotive, les chairs à vif, les chansons d’Encre ne sont d’aucune chapelle. Trop expérimental pour faire de la chanson, trop chanson pour faire de l’expérimental, Encre nous rejoue l’être et le néant et les fait se confronter sur fond de samples mélodiques mais aussi de glicks, de distorsion, de parasites, de textures et de dissonances.

Accessoirement, Encre se permet aussi quelques textes. Qui ne sont pas accessoires du tout d’ailleurs. Avec une voix sombre, pleine de murmures dignes de Tricky, pleine de cris renfermés, une voix sourde qui sourd et se répand sur la musique comme de la lave de mots, Encre crache tout en bloc : la rage amoureuse s’y fracasse contre le quotidien castrateur, la lassitude coutumière de qui ambitionne d’avoir une vie valable, et probablement contre d’autres choses encore, noyées dans le fiel de ces paroles au scalpel, adeptes du clair obscur explicatif, avec une écriture toujours prête à se coltiner à la réalité la plus sèche des choses, comme une lointaine cousine de Mendelson, hachée et mixée avec les eaux fortes de Ferré.

Toute la réussite du projet est d’ailleurs probablement là, dans cette ambition démesurée de prendre l’auditeur pour son égal en névrose et en douleur, sans sombrer dans le misérabilisme ou dans la colère. Sans jamais céder à la plus petite facilité, au contraire.

Ainsi, à la fois expérimentale et immédiatement proche, à la fois douloureuse et réconfortante, la musique d’Encre donne un bon coup de pied là où il ne faut pas à une musique française à la mélancolie en pilotage automatique et dont l’inadaptation semble parfois une attitude plus qu’une réalité. Encre, lui, ne triche pas, et en rappelant qu’entre artiste et autiste, il y a plus d’une lettre, il ouvre plus qu’une porte pour la chanson française : il donne à espérer.

Chroniqueur

Tracklist

  1. La chambre bleue
  2. Chercher l'ombre
  3. Sur ma peau
  4. Le blanc de ton royaume

La disco de Encre

Common Chord
0%
Flux
0%

Flux

Marbres (EP)
0%
Encre
0%

Encre