« Est ce que quelqu’un veut dire du bien du nouvel Interpol ou je me charge d’en dire…du mal ? ». Si l’on se place du côté de la défense, on dira que mes petits camarades de la rédac n’ont pas eu le temps de l’écouter et de juger sur pièce le quatrième album de Paul Banks […]
« Est ce que quelqu’un veut dire du bien du nouvel Interpol ou je me charge d’en dire…du mal ? ». Si l’on se place du côté de la défense, on dira que mes petits camarades de la rédac n’ont pas eu le temps de l’écouter et de juger sur pièce le quatrième album de Paul Banks and co. Si l’on se place du côté de l’accusation, on dira que personne ne s’est senti capable de ne pas évoquer la lente déchéance du groupe new-yorkais depuis 2 albums (voire 3 selon certains), incarnée ici par un 4ème album sans imagination, à l’image de son titre.
La défense n’ayant pas trouvé d’avocat disponible, c’est donc à l’accusation qu’est revenue la charge de vous parler d ‘ »Interpol », l’album, mais également d’Interpol, le groupe. Depuis le déjà décevant « Our Love to Admire » en 2007, les new-yorkais ont perdu leur emblématique bassiste à mèche Carlos Dengler, remplacé par David Pajo, et ont enregistré l’arrivée de Brandon Curtis aux claviers. Nouveau line-up pour un nouveau départ avec un retour aux sources chez Matador, jusque là rien de très inquiétant, bien au contraire, d’autant que Dengler a participé à l’enregistrement de l’album. Le premier single, Lights, avec sa rythmique bodybuildée, laissait même espérer de belles choses pour cette quatrième mouture lorsqu’on l’a découvert il y à quelques mois.
Oui mais voilà, l’objet du délit enfin entre les oreilles, on se rend vite compte que l’étincelle Lights n’était qu’un feu de paille, un phare dans une nuit bien sombre pour les fans de la première heure. « Interpol » l’album est à l’image de ce qu’est devenu Interpol le groupe, fade et sans saveur. La première moitié du LP est symptomatique du groupe en bout de course, s’échinant à faire revivre un passé glorieux, un groupe en panne d’idées. Bizarrement les titres les plus intéressants se trouvent à la fin de l’album, lorsque les new-yorkais n’essaient pas de regarder dans le rétroviseur mais tentent de donner de nouvelles perspectives à leur musique (Safe Without ; le piano de Try It On ; All of The Ways ou encore The Undoing et son chant en espagnol). On ne se souviendra sans doute pas de ces titres lorsqu’on fera le bilan de la discographie d’Interpol, aucun n’arrivant à la cheville des classiques des débuts, mais on repensera peut être à eux lorsqu’enfin, sur leur cinquième album, Interpol se sera affranchi de ce qu’il a été pour enfin donner un nouvel élan à une carrière commencée de fort belle manière mais stagnant depuis dans des eaux bien saumâtres.