"> Joanna Newsom - Have One On Me - Indiepoprock

Have One On Me


Un album de sorti en chez .

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Dire que le dernier album de Joanna Newsom est attendu, est un doux euphémisme. La jeune harpiste a su générer autour d’elle un engouement tout particulier depuis son premier album, « The Milk-Eyed Mender » sorti en 2004, et quelques EP en autoproduction. Son deuxième effort « Ys », chez Drag City a marqué les esprits par son ampleur […]

Dire que le dernier album de Joanna Newsom est attendu, est un doux euphémisme. La jeune harpiste a su générer autour d’elle un engouement tout particulier depuis son premier album, « The Milk-Eyed Mender » sorti en 2004, et quelques EP en autoproduction. Son deuxième effort « Ys », chez Drag City a marqué les esprits par son ampleur et présageait déjà de son orientation lyrique. Reconnaissable entre mille avec sa voix aiguë et écorchée, elle agace ou suscite la curiosité. « Have One On Me » sort donc plus de 3 ans après son prédécesseur, et c’est avec les mains moites qu’elle nous laisse appréhender maladroitement cet objet étrange, découpé en trois disques ou trois mouvements.

Depuis « Ys », Joanna affectionne les long morceaux, aux ondulations variées, qui offrent plusieurs facettes. Ce disque est donc long à apprivoiser, il demande du temps d’écoute puisque le plus long morceau dépasse les 11 minutes et que la durée moyenne avoisine les 6 minutes. « Have One On Me » est un album copieux et généreux puisqu’il faudra compter 18 titres pour venir à bout de son univers. Ce qui a principalement changé depuis « Ys », c’est la voix de Joanna, qui d’album en album ne se ressemble pas, se perfectionne, proche de celle de Kate Bush il faut bien le reconnaître. Elle se démarque également de son étiquette « folk-médiéval » un peu réductrice en dévoilant des morceaux plus contemporains bluesy, country, presque dans la lignée d’une americana digne de ce nom.

Sur le premier mouvement Joanna accouche des morceaux les plus forts de cet album qui sont Have One On Me, 81, Easy, Good Intentions Paving Company ou Baby Birch. Ses chansons sont comme des courses folles où la prise de souffle semble impossible, où tous les sentiments explosent sans grande cohérence apparente, et laissent entrer batterie, piano, banjo comme nouveaux compagnons de voyage. Pari risqué, mais ô combien réussi et nécessaire. Joanna offre des chansons admirablement troussées et poignantes comme You And Me, Bess, In California (dont le final dresse son lot de poils sur les bras), Go Long, Occident, Soft As Chalk (qu’Alela Diane aurait pu écrire). Poussez l’écoute jusqu’au bout et quelques tirades finales sont bouleversantes à l’image de Kingfisher qui me ferait presque mentir sur l’absence de folk-médiéval sur ce disque, et Does Not Suffice, le génial écho à probablement la plus belle chanson du disque (In California).

Toutefois dans un pari il y a une prise de risque, et la prise de risque entraîne des imperfections, très peu dommageables. Il faut bien admettre que tout n’est pas du même acabit. Parfois on s’ennuie, Esme, Autumn et Ribbon Bows tournent en rond et pataugent (présents sur le troisième et dernier mouvement). On serait tenter de jeter un pavé dans la mare en se demandant si un bon double album bien dosé n’aurait pas été suffisant. Des chipotages qui n’ont rien de bien dommageable comme je vous le disais. « Have One On Me », triple album qui compte double dans nos cœurs, combinaison gagnante de cette année 2010. Joanna Newsom ne se contente pas de rassurer ses admirateurs, elle offre une perspective intéressante à une folk parfois trop lisse. Son ambition et son parti pris artistique sont tout simplement à saluer et savourer.

Chroniqueur

La disco de Joanna Newsom