Pour la sortie de "Congratulations", on a largement préparé le terrain : en résumé, ce second album de MGMT est censé ne pas contenir de tubes, contrairement à son prédécesseur, qui de toute façon avait connu le succès un peu par hasard, dixit leurs auteurs. Bon. A dire vrai, la rhétorique du groupe soucieux de faire acte de contrition et de balayer la dimension commerciale d’avance, c’est un refrain assez connu. C’est même depuis bien longtemps une stratégie assimilée par les services de communication des maisons de disques : insister lourdement sur le fait que ce n’est pas fait pour marcher afin que, à force d’être reprise partout, la formule attire l’attention sur le disque et contribue à son succès, justement. Quant au fait que le premier album n’ait pas été conçu pour marcher, on veut bien, mais c’est quand même assez difficile d’imaginer une major miser sur un premier album sans espérer en tirer quelques bénéfices. Et puis, après tout, faire des tubes, ça peut constituer une raison d’être, même si ce n’est pas le critère premier recherché par les vrais fans de musique. D’autant que dans le cas de MGMT, leurs prestations scéniques, où il était surtout question de jouer (trop) fort et d’envoyer quelques effets de lumière sur les titres les plus fédérateurs, ne nous avaient pas convaincus qu’ils avaient les épaules assez larges pour voir au-delà.

Alors à quoi allait ressembler "Congratulations" ? A un album foisonnant, un peu fou, sans calcul ?  Le disque ne contient que neuf titres. A une véritable expérience pop, où chaque titre bousculerait les schémas et les dynamiques ? Huit titres de l’album oscillent entre deux et quatre minutes, le seul Siberian breaks atteignant les douze minutes, et encore, il ressemble plus à deux morceaux distincts rassemblés sous le même titre. A un disque modeste, resserré sur l’essentiel, sans forfanterie ? Ce serait encore ce qui pourrait le caractériser le mieux, mais il n’est pas certain que cette définition soit à la hauteur des ambitions affichées par le duo, censé s’être lancé en musique pour faire ce qu’ils n’entendaient pas chez les autres. Or, "Congratulations" est tout sauf un disque original. Siberian breaks et ses deux dynamiques distinctes, est un morceau réussi, et sans aucun doute le sommet de l’album, et nous fait penser à ce que proposaient les Boo Radleys à l’époque de "Giant steps". Someone’s missing retient l’attention, même si son final s’inscrit dans la droite ligne des refrains d"Orecular spectacular".

Sur le reste de l’album, que faut-il dire ? Que MGMT y enchaîne des titres simples, pour ne pas dire banals, sur lesquels se révèlent leur goût pour le psyché des années 70. Rien ne ressort vraiment, l’ennui pointe parfois, notamment sur l’instrumental Lady dada’s nightmare, qu’un groupe comme Air a fait cinq fois, en mieux… Au bout du compte, en un peu plus de quarante minutes, l’affaire est pliée, et on passe à autre chose,ce qui est ici une limite et une vertu. "Congratulations" et MGMT ne méritent ni la lapidation ni les concerts de louanges. C’est juste un groupe qui a eu sa petite heure de gloire et n’a ni l’envergure pour la faire durer, ni le talent suffisant pour nous proposer un contenu véritablement consistant. On a beaucoup parlé de ce qui gravitait autour de cet album et, d’une certaine manière, on a bien fait, car l’album lui-même ne va pas déclencher des passions.