La belle personne qui se cache derrière le patronyme Natureboy est une Américaine d’origine iranienne, Sara Kermanshahi. Elle a concocté cet album avec les musiciens Cedar Apffel et Rory O’Connor de Masterface. Juste accompagnée de sa guitare, elle chante des chansons qui semblent surgir du fond de ses entrailles. La voix de Sara Kermanshahi est […]
La belle personne qui se cache derrière le patronyme Natureboy est une Américaine d’origine iranienne, Sara Kermanshahi. Elle a concocté cet album avec les musiciens Cedar Apffel et Rory O’Connor de Masterface. Juste accompagnée de sa guitare, elle chante des chansons qui semblent surgir du fond de ses entrailles. La voix de Sara Kermanshahi est profonde et gutturale, grave comme l’est celle de Victoria Legrand de Beach House. Elle semble moins fragile et rebelle que l’était celle de Cat Power à ses débuts, plus affirmée et souveraine, sans être hautaine.
C’est bien la première fois qu’Own Records sort un album avec une personnalité féminine de la trempe de Natureboy. La pochette de l’album éponyme n’aura échappé à personne, Sara Kermanshahi est très belle, et au lieu de se cacher derrière une image dont sont habituellement ornés les albums du label, là la chanteuse affiche son visage avec autant d’aplomb que par sa voix incroyable et ses morceaux vénimeux. Et d’ailleurs pourquoi « vénimeux » ? Dans le bon sens du terme bien sûr, car dès la première écoute, le coup du sort a frappé et ces chansons ne nous quittent plus.
On ne sait par quelles douleurs Sara est passée pour savoir aussi bien les cicatriser, voire les catharsiser par sa musique. Ou bien elle a ce don de savoir mettre des mots et des notes sur ce qui fait mal. Sur Pariah, sa guitare s’agite fièvreusement, et puis, essouflée se réfugie dans l’apaisement. On pourrait reprocher à l’album de tourner en rond, dans ces boucles de guitare, mais ce serait occulter l’éventail des atmosphères distillées par ces chansons hantées et comme sorties de nulle part. Les arrangements façonnés par Cedar Apffel et Rory O’Connor sont bien sûr discrets, mais néanmoins présents. Bad Dream est comme tout autre morceau de l’album d’une puissance sans pareil.
Et c’est bien là le mystère ou disons le talent et le culot de Sara Kermanshahi de savoir allier fragilité et force, et le résultat est que l’on en sort tout retourné. Le dernier musicien à avoir réussi cette gageure est Justin Vernon (alias Bon Iver). D’ailleurs, Dither pourrait être une chanson composée par notre folkeux tant adoré. A-t-on donc affaire à un Bon Iver féminin ? Une collaboration serait alors la bienvenue ! La batterie sort de derrière les fagots sur Heart To Fool, morceau « beachhousien » en diable. Et que dire de Broken Train ? Est-ce que Natureboy a écouté Beach House et Bon Iver pendant l’enregistrement de son premier album ? On se le demande. De très belles références en tout cas. Railroad Apt lorgne plutôt du côté des excellents Australiens de Firekites, autre signature Own Records.
En cette année résolument placée sous le signe des filles à poigne, Natureboy dispute sa place avec classe à d’autres personnalités de haut vol, telles que Victoria Legrand, Laura Veirs et Holly Miranda. Son premier album est beau à pleurer, un petit chef-d’oeuvre, et on attend très vivement la suite.
- Publication 510 vues5 octobre 2010
- Tags NatureboyOwn Records
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Tracklist
- The Opening / Purple Trees
- Shipibo Icaro
- Gelis
- Spice Melange
- Kuku
- Solo For Chloë
- Shape Of Things To Come
- Som Da Aura
- Twelve O'Clock Shadow
- Lyrebird
- Golden High
- Payaso
- Who Do You Think You Are?
- For You (Reprise)
- With Me Now
- The Odd & Beautiful