Il arrive qu'à l'écoute de certains albums on arrive à douter. Douter de la santé mentale de certains artistes. Douter du long processus qui s'est progressivement mis en place entre la succession de petites idées qui germent dans le cortex de nos chers musiciens jusqu'à l'écoute attentive et parfois ébahie de l'auditeur situé à l'autre bout de la chaîne.
Il arrive qu’à l’écoute de certains albums on arrive à douter. Douter de la santé mentale de certains artistes. Douter du long processus qui s’est progressivement mis en place entre la succession de petites idées qui germent dans le cortex de nos chers musiciens jusqu’à l’écoute attentive et parfois ébahie de l’auditeur situé à l’autre bout de la chaîne. Parfois, notre signal d’alarme se déclenche, il y a clairement un élément étrange, une anomalie qui s’est insérée dans ce processus et qui rend le résultat énigmatique et nous fait craindre le pire quant à l’équilibre psychologique du ou des protagonistes. Et des illuminés de ce genre on en croise facilement par hasard dans les méandres du site Bandcamp, incroyable bric-à-brac offrant une montagne de créations en tout genre. Précisément le genre d’endroit où on croise tout et son contraire, de l’artiste chevronné jusqu’à l’apprenti musicien parfois peut-être aussi novice que la boulangère du coin. Certains albums nous donnent alors parfois l’illusion d’en apprendre un peu plus sur la personnalité de leur auteur, de sonder les secrets de l’inconnu qui au prix d’un nombre variable d’heures de travail a fini par se persuader qu’il était temps de le partager à la Terre entière.
Et en ce qui nous concerne, c’est sur le cas d’un jeune Polonais que je me suis amusé à jouer les apprentis psychologues, avec pour seul témoignage celui d’un album, un disque sage au demeurant, mais qui a fini par me mettre la puce à l’oreille. Et si j’étais réellement un professionnel de la psychologie, je pense que je demanderai aujourd’hui à recevoir celui qui se fait appeler Patrick the Pan pour le soumettre à un examen plus approfondi. Je lui offrirais alors l’opportunité de s’exprimer sur les raisons qui l’ont poussé à commettre différentes infractions au code musical. Je lui demanderais d’abord comme il a pu enfiler un costume de Radiohead saisissant de ressemblance pour confectionner l’introductif Finally I’m One sans laisser transparaître le moindre scrupule ni peur au ventre ? Du Radiohead il en sera d’ailleurs encore question plus tard sur The Moon and the Crane, sorte de remake de Like Spinning Plates version piano dont la deuxième partie plus fidèle à la facette électro des gars d’Oxford nous fait sérieusement redouter des troubles bipolaires. Je le questionnerais sur ce qui l’a amené à brancher soudainement sur du 220v l’une de ses compositions les plus douces (Men Behind the Sun) pour lui octroyer un improbable final électrique ? Ou pourquoi vouloir nous faire croire qu’il pourrait très bien être le cousin caché de Jens Lekman (Slowly, Bubbles) pour soudainement laisser entendre que son héritage familial se situe plutôt du côté de l’Islande et du post-rock onirique de Sigur Rós (Exiles Always Come Back, Finally We’re One). Des questions comme ça, je lui en poserais à la pelle, tant le petit malin s’amuse à déconstruire systématiquement chacune de ses compositions, ouvrant encore et encore un tas de tiroirs cachés et se jouant des mélodies et des arrangements comme un enfant avec ses propres jouets, se moquant pas mal de la notice explicative et de la règle du jeu.
Bien entendu, l’explication à tout cela coulerait de source, cet homme est fou, probablement schizophrène sur les bords, et se cache derrière une apparence de premier de la classe que n’importe qui jugerait inoffensive au premier regard. « Something of an End » n’a aucune logique, et ce n’est pas en nous présentant la mer et le ciel sens dessus dessous qu’on se persuadera du contraire. Oui, mais voilà, cet album est magnifique et regorge de compositions surprenantes, envoûtantes et rapidement attachantes. Une belle rencontre comme seul le hasard sait en offrir, pour un coup de coeur véritable.
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- Publication 1 786 vues16 février 2013
- Tags Patrick the PanAutoproduction
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Tracklist
- Finally I'm One
- Men Behind the Sun
- Slowly
- POV
- Warm Gold
- Bubbles
- Remains
- The Moon and The Crane
- Exiles Always Come Back (Act I, II and III)
- Finally We're One
- Hełm Grozy - (Sentimental Bonus Track)