The Dead Drunk Toads

Bonne nouvelle, les amphibiens se mettent à la musique. Cette démo quatre titres, première livraison de ces crapauds éméchés, constitue d’ailleurs une très bonne surprise. Enfin, ce n’est pas réellement une surprise puisque les Dead Drunk Toads s’inscrivent dans la continuité du combo noisy-pop parisien Spurious qui avait splitté il y a quelques temps. En effet, le chanteur-guitariste Ben et le batteur Dams faisaient partie de ce groupe très prometteur. Les Dead Drunk Toads reprennent d’ailleurs une grande partie des compositions de Spurious… dans des versions nettement supérieures ! Nul besoin de cinquante écoutes pour se rendre compte du potentiel des DDT, puisque la puissance de « Friends » et ses guitares furieuses, qui rappellent les meilleurs moments de Noir Désir, donne directement le ton. Ce quintette aime tout autant le bruit que les mélodies imparables, ce qui nous donne une noisy-pop franchement réussie sur ce premier titre.
Le rythme s’accélère considérablement sur « Popular », qui commence comme un morceau punk très classique, mais ce titre prend très vite une tout autre dimension grâce à un break grandement influencé par Sonic Youth. D’ailleurs, le rapprochement avec le groupe new-yorkais précédemment cité ne s’arrête pas à cette chanson. Outre cette inclinaison à donner une inclinaison très noisy à ses morceaux, les DDT compte dans leurs rangs un chanteur (Ben) et une chanteuse (Kawi) qui se complètent parfaitement, même si on peut regretter que Kawi reste un peu trop en retrait. Sa voix est en effet superbe et mériterait d’être davantage mise en valeur.
Les DDT ne font pas que du (bon) bruit, comme le prouve le très pop « Dancing Again ». En fait, le troisième titre de cette démo, « Rage », constitue un résumé quasiment parfait de ce qu’est la musique des DDT. Ca commence par du punk furieux, évoquant Turbonegro, puis cette chanson change subitement de rythme et de mélodie pour devenir beaucoup plus douce et se terminer avec une tension sans cesse croissante. En bref, du punk, de la douceur et de la noisy-pop dans un seul titre !
Mais le répertoire des DDT ne se résume pas qu’à quatre titres. Neuf autres chansons ont également été enregistrées lors de la même session et certaines auraient grandement mérité de figurer sur cette démo. C’est d’ailleurs le plus grand reproche qu’on puisse faire à ce quintet : pourquoi donc avoir omis « In This Train », « Sister », « You Really Don’t Care » ou « Fine Day » qui confirment tout le potentiel du groupe, en particulier dans le registre de la noisy-pop. Parmi ces neuf « inédits », les DDT montrent de nouveaux leurs penchants punks (« Flowers In My Place », « Louise »). Même si ces morceaux ne sont pas les plus convaincants, nul doute qu’ils feront des ravages sur scène et raviront les pogoteurs de tout poil.