Versolo

Si le rock alternatif rimait encore, il y a une vingtaine d’années, avec banlieues rouges, depuis dans la périphérie parisienne, les guitares se sont un peu éclipsées, laissant le devant de la scène aux platines disques et autres séquenceurs, électro ou hip-hop. Au fond du HLM, quelques agités s’efforcent néanmoins de perpétuer le mythe. Et les petits gars de Versolo, venant de Créteil, en font partie. Derrière leur look de jeunes dandys punk timides et débraillés, se cache une réelle fougue, une urgence qui anime cette première démo furibonde, comme une sirène déchirant le silence de la nuit. L’atmosphère y est lourde, d’une noirceur palpable dans le graphisme et dans les titres des chansons.

Les lignes de saxophone, crevant le cœur à bout de souffle, évoquent forcément La Souris Déglinguée et Les Béruriers Noirs. Sur Peut-être Là, on pense aussi à Diabologum, pour ces paroles tournant en boucle sur des crescendos de guitares. Mais c’est peut-être outre-Atlantique, du côté de Sonic Youth, que l’on trouve les influences premières de Versolo, férus d’improvisations et de déconstructions, de dissonances et de larsens.

Les compositions sont audacieuses et les morceaux accrocheurs. On regrette donc les petits défauts qui émaillent l’ensemble : le son qui s’échappe par moment (ce qui s’explique – on s’en doute – par la production "maison"), la mise en place un peu flottante parfois des instruments, et surtout le manque de soin apporté aux mélodies vocales. Mais plusieurs titres se détachent du lot, notamment Ballerine enfumée et Pendu à tes lèvres, bénéficiant d’une solide assise rythmique et d’un chant plus assuré. Pendu à leurs lèvres, oui, l’auditeur l’est déjà, en attendant la suite de leurs histoires pas si noires que ça.