"> Villagers - {Awayland} - Indiepoprock

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Un album de sorti en chez .

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Conor o’Brien, qui chante et joue de la guitare chez Villagers, projetait déjà auparavant dans ses chansons des humeurs diffuses et intangibles, assez peu rassurantes...

Conor O’Brien usait déjà auparavant d’un large panel d’arrangements et de rythmes, même s’ils n’étaient pas encore électroniques, comme sur ce nouvel album. Sur « Becoming a Jackal » (2010), on suspectait déjà O’Brien d’avoir une idée précise de ce qu’il souhaitait voir Villagers dégager en termes de sensations, même s’il n’atteignait pas toujours son but. Ici on se laisse immerger.

C’est un groupe aux chansons conçues pour dégager une atmosphère particulière, littéraires et introspectives mais parsemées de phrases étrangement séductrices. Coiffé de son déguisement contemplatif, voire évanescent, Villagers est pourtant un groupe ancré dans une réalité sensuelle, avec les inquiétudes du corps comme plaque tournante de son imaginaire. Le fantasme expansif perce sous l’élégance étouffée et la beauté folk anglaise, qui se manifeste dans la transformation des textures, au fur et à mesure que les morceaux s’étoffent, viennent s’enrichir de sons qui ont tous un sens. {Awayland} est encore plus méticuleusement produit que son prédécesseur, garantissant une surprise permanente. L’introduction de The Well, par exemple, est formidablement assurée. Comparée au Runaway de Del Shannon, elle prend rapidement d’autres tours avec des accords de piano retentissants, des cuivres, un orgue électrique. A mi-parcours, les choses continuent de se transformer, on sent O’Brien soudain transporté par’une inquiétante intensité.

Les histoires de Villagers sont plus vastes qu’auparavant, prenant les protagonistes à l’état de nouveaux-nés pour leur faire traverser l’espace et le temps. Earthly Pleasure commence ainsi avec une phrase que certains n’hésiteraient pas à se tatouer sur l’avant-bras : « Naked on the toilet with a toothbrush in his mouth/when he suddenly acquired an overwhelming sense of doubt », pour aller jusqu’à la guerre d’indépendance du Brésil et une recontre avec un Dieu parlant l’Espéranto et buvant du thé au gingembre. La poésie de Conor O’Brien explore les relations de cause à effet de façon parfois cruelle. Avec ses chansons déclaratives, au pessimisme diffus  – Judgement Call (le meilleur refrain de l’album ?), In a Newfound Land you Are Free. On pense à Peter Gabriel à l’époque de « Cars » ; il en hérite la préciosité dans l’écriture, et la voix inquiète. On assiste à l’apparition d’un ‘chien endormi’ comme créature chimérique parcourant les frontières, entre course éffrenée pour rester dans le temps présent et sentiment de repli vers un autre monde. Sur Passing a Message, la voix d’O Brien y est comme précipitée dans un abîme et à peine traversée d’éclairs d’empathie.

Chroniqueur

La disco de Villagers

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