Grimme

Premier album d'un érudit pop français à l'univers bigarré.

Aujourd’hui, en musique, modernité signifie souvent que, grâce aux progrès technologiques, il est possible de tout faire soi-même, pas qu’on a affaire à un artiste à l’univers avant-gardiste. Victor Roux, alias Grimme, en est un exemple. Notre homme fait de la musique, la produit et l’enregistre sans sortir de son deux-pièces ou presque et tourne lui-même les vidéos qui illustrent ses morceaux. « The World Is All Wrong But It’s All Right » est son premier album, petit précis de pop symphonique et colorée, chantée, comme il se doit, en anglais.

La date de sortie de ce premier opus n’a certainement pas été choisie au hasard car, incontestablement, le retour des beaux jours se prête idéalement à son écoute. Mais, on ne le répétera jamais assez, vous aurez beau convoquer violons, cuivres, scies musicales, piano, synthés vintage et j’en passe, un album s’appréciera avant tout si l’écriture est à la hauteur. Ensuite, s’agissant de pop, quelle que soit la complexité sous-jacente des chansons, en surface, tout doit paraître évident et limpide.

En l’occurrence, Victor Roux révèle un talent certain d’écriture. Certes, il lui arrive, le temps d’un Roses, de cabotiner un peu trop au détriment de la mélodie et de scotcher son morceau au sol. Ou alors, sur Ever More, d’être quelque peu dans le cliché du morceau mi-léger mi-solennel. Mais ces petits incidents de parcours sont de l’ordre de l’exception et, sur le reste de l’album, notre homme s’en tire avec un brio indéniable. The World’s All Wrong But It’s All Right, From The Birds, I’ve Gone To Sleep, Split Violins, titres tour à tour enlevés ou plus retenus, font tous mouche et brillent par leur musicalité riche, variée et soignée. Un bel album, un vrai talent qui ne demande qu’à s’épanouir, ça s’applaudit et ça s’encourage.