"> The Jon Spencer Blues Explosion - Freedom Tower - No Wave Party 2015 - Indiepoprock

Freedom Tower – No Wave Party 2015


Un album de sorti en chez .

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Des coups de latte, un baiser. Le Jon Spencer Blues Explosion au sommet de son art : l'expression ultime du rock'n'roll en 30 minutes.

Voilà quelques semaines que cette merveille tourne dans nos oreilles de privilégiés, arrive maintenant le fatidique moment d’en coucher quelques lignes, en espérant être à la hauteur de ce monument qu’est « Freedom Tower – No Wave Party 2015 ».

Depuis les années 90, JSBX s’échine à déstructurer le blues, à marier avant-gardisme et sauvagerie crue. Cette bivalence n’a jamais quitté le trio new-yorkais et s’étoffe d’album en album. Une vision toute personnelle présenterait « Orange » et « Damage » comme les pièces maîtresses de cette carrière d’une exceptionnelle richesse. Evoluant depuis ses débuts dans une nébuleuse blues, rock, punk, funk, hip-hop, le groupe s’est essayé à moult nouveaux styles hybrides qui leurs sont propres.

C’est après un retour aux affaires avec le garage « brut de décoffrage » « Meat + Bone », paru en 2012, que le Jon Spencer Blues Explosion livre en cet an de grâce 2015 une nouvelle étape grandiose de leur discographie géniale.

« Freedom Tower – No Wave Party 2015 » se déroule comme un trombinoscope de personnalités anonymes, à peine fantasmées, dépeignant la grande pomme, sa vie et sa culture urbaine. Et en parlant de culture urbaine, le trio est allé chercher à la production une légende du hip-hop new-yorkais en la personne de Alap Momin, connu pour ses productions de De La Soul entre autres, ou pour sa participation au projet Dälek.

Et, une fois n’est pas coutume, abordons d’entrée la production : Alap Momin donne un grain hip-hop 80’s incomparable à l’album, sans jamais tomber dans le kitsch ou le plagiat, l’album transpire sous la chaleur du bitume tout en dégageant une âme dancefloor imparable. On pense à la fois à De La Soul et aux Beastie Boys, « Damage » avait déjà été le théâtre d’une collaboration avec Public Enemy.

Sous cette coloration forte, vont s’entrechoquer avec force puissance toutes les influences et personnalités de JSBX. Russel Simmins, ours, tel un homme de cro-magnon, martyrise ses fûts avec la puissance d’un Bonzo Bonham funky. Judah Bauer délivre ses riffs avec une placidité à la hauteur de son sex-appeal, c’est chaud et syncopé, précis et terriblement sauvage. La joyeuse bande est menée par un quinquagénère qui n’a jamais usurpé, et encore moins maintenant, son surnom d’ « Elvis Punk ». Jon Spencer, plus qu’un chanteur habité, est réellement une enveloppe corporelle sur le concept de rock’n’roll, sexuel, classe, rageur, et communiquant une énergie inégalable. A l’image de ses partenaires, Jon façonne cette électricité ambiante, ne lâche jamais vraiment les chevaux, envoie ses uppercuts et ses directs, droit sur ses appuis, nous situant juste au-dessus de la frustration sans jamais nous laisser redescendre. L’âge faisant, la rage punk, sans s’être pour un sou étiolée, s’est étoffée d’une précision chirurgicale, à la manière d’un boxeur expérimenté toujours animé par la flamme des débuts.

Comme précisé en amont, cet opus, que dis-je, ce « menhir angulaire »  du rock, est une alchimie trouvée par fusion à haute température, de blues, de rock, de jazz, de funk, de hip-hop, et nous en restons aux grandes lignes. C’est certainement avec leur approche avant-gardiste que le groupe et ses collaborateurs auront trouvé la clé, quelque part, bien qu’impressionnés, on s’en f***, on préfère rester subjugués par ce son venu d’ailleurs et pourtant si animal.

Un album d’intellectuels qui mangent avec les doigts, de slammeurs fans d’Elvis. JSBX, qui a beaucoup tenté en studio sans s’être jamais perdu, livre ici une oeuvre ultime, le point de rencontre parfait de leur démons et de leur lumières, une perfection qu’ils malmènent par leur interprétation d’une fureur prégnante et incessante.

Comme une synthèse transcendée de l’histoire récente de la musique, « Freedom Tower – No Wave Party 2015 » s’élève au rang de culte, de saint des saints.

Que dire après cela ? Eh bien, on s’incline et on écoute, encore et encore en priant toute personne influente, de les faire atterrir sur scène (l’album s’y prêtant, comme une évidence), à proximité… A faire d’un athée un pratiquant assidu !

Sous le charme et l’emprise de cet album comme nous le sommes, il nous est bien difficile d’en dégager un titre. Après maintes écoutes, Wax Dummy sonne un peu plus à nos oreilles sans vraiment savoir pourquoi, on peut par contre mettre en avant l’ambitieux Crossroad Hop (certainement le titre le plus fouillis) ou encore le tubesque Do The Get Down.

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