"> - Indiepoprock

Lorsque l?empereur se déplace, c?est toujours accompagné de sa cour. Avec le Bataclan en guise de Palais Royal, les Kaiser Chiefs se payent le luxe de partager l?affiche de l?une des plus belles salles de Paris avec deux groupes pour le moins attendus.

Ce sont tout d?abord les cinq énergumènes de The Chalets qui ouvrent le bal. Contrairement à ce que la consonance nordique de leur nom nous laissait penser, le groupe nous en met plein les mirettes, dès leur entrée en scène, avec une esthétique exotique des plus alléchantes. Et heureusement, nos oreilles ne sont pas non plus en reste. Cette charmante formation dublinoise nous sert sur un plateau une musique mêlant habilement pop et rock, saupoudrée de chorégraphies au kitsch retentissant. S?ils étaient taxés de simplistes sur album, leurs morceaux prennent en live une ampleur tout à fait différente. Serait-ce l?effet des dandinements en robe à fleurs des charismatiques chanteuses, Pee Pee et Pony ? Ce qui est sûr, c?est que le groupe manie avec dextérité un second degré léger comme une bulle de savon et laisse présager le meilleur pour la soirée à venir. Malheureusement, la salle est encore bien vide et toute la bonne volonté festive des irlandais aura du mal à déteindre sur le public encore peu consistant.

C?est alors aux très attendus We Are Scientists de monter sur scène. Changement de groupe, changement d?ambiance. De l?univers coloré des Chalets, nous passons au monde très « bankable » des jeunes New Yorkais. Clonés jusqu?au bout des Converses, bien sûr assorties à la veste en velours, et la mèche luisante comme de coutume collée sur le front, les Scientists entament leur show sur les chapeaux de roues. Malheureusement, les américains ne semblent pas en grande forme ce soir, et leurs morceaux, bien qu?efficaces sur album, se noient dans une prestation brouillonne qui leur fait clairement perdre de leur saveur. Dans tout ce brouhaha, difficile d?apprécier les différences entre tous les titres qui, finalement, se suivent et se ressemblent. Pourtant, la mayonnaise prend dans le public. Il faut dire que leur réputation les a précédés? mais aussi que les Anglais sont venus en renfort à Paris, beuglant dans la fosse les paroles du trio déjà adulé Outre-Manche.

Mais passons aux choses sérieuses. Car enfin, les empereurs débarquent pour un concert d?une heure et demie survitaminé. Les Anglais s?affolent, les Français aussi ; et c?est bientôt toute la foule qui sautille et s?écrase au rythme de morceaux tous plus efficaces les uns que les autres. Les temps forts (presque trop) attendus sur leurs tubes tels que I Predict A Riot, Everyday I Love You Less And Less ou Na Na Na Naa font surgir des cris orgasmiques parmi l?assemblée, aussi bien féminine que masculine. Ricky Wilson, LE « kaiser » de la soirée, ne sait quel tour inventer pour soumettre son public à son pouvoir : improvisant un début de strip-tease, il finit par se jeter dans la foule qui n?a décidément d?yeux que pour lui. Tant pis pour le reste du groupe. Un petit frisson de frayeur parcourt l?assistance lorsque les Anglais quittent la scène sans interpréter leur quasi-hymne, Oh My God. Heureusement, de nombreuses crises cardiaques seront évitées grâce à leur retour pour trois derniers titres toute aussi survoltés.

Les Kaiser Chiefs ont été les maîtres du monde pour un soir. Et c?est à coup de litres de sueur qu?ils nous l?ont fait comprendre.

Chroniqueur
  • Publication 442 vues28 février 2006
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