Merci à Adrien (Héritage) pour les photos de Jonah Matranga
Le groupe américain Far a sans aucun doute été l?un des premiers groupes ?emo?, bien avant que cela ne devienne le phénomène de mode que l?on peut connaître encore aujourd?hui. Séparés en 1999, ils laissent derrière eux deux albums pour Epic, « Tin Cans With Strings To You » et le très réussi « Water & Solutions », ainsi qu?une poignée de EPs. Depuis, le leader Jonah Matranga multiplie les projets folk et emorock, aussi bien sous son nom que sous le pseudo Onelinedrawing, ou au sein du groupe New End Original et l?année passée avec Gratitude. A l?occasion de la réédition du DVD live, « There?s A Lot In Here », avec un CD supplémentaire soit plus de 40 chansons, celui-ci était à Paris, le temps d?un show au Batofar.
Programmé à l?heure de l?apéritif, Jonah Matranga est en train de vendre à quelques fans toute une série de CD divers issus de sa copieuse discographie avec en prime une petite séance de dédicaces. La salle se remplit d?un public partagé entre indie et nu-rock, on peut d?ailleurs croiser quelques membres d?Aqme, Leto ou Exsonvaldes? Le temps avance et on apprend que les hollandais de Mindfold, backing band de l?américain, ne finalement sont pas là. Jonah sera donc en solo et le concert débute à une heure plus conventionnelle.
Ce sont les parisiens de Comme des Garçons, Mademoiselle qui ouvrent la soirée sur une ballade acoustique qui n?est pas sans nous rappeler l?univers de Quaisoir. S?ils y reviendront une fois pendant le set, cette formule est loin d?être représentative du groupe. Le quatuor guitares/chant/batterie propose en effet en français un rock aussi bien influencé par les Strokes que par les suédois de Logh ou Fireside. Si l?instrumentation est plutôt carrée et relativement entraînante, le chant n?est malheureusement pas à la hauteur. Souvent faux sous couvert d?emo, on s?empêtre dans la monotonie et on finit rapidement gagné par l?ennui. Dommage car l?énergie et la volonté de partager avec le public sont sincères. Mais la bonne volonté ne fait pas tout.
A peine le temps de sortir de scène, que Jonah Matranga arrive avec sa guitare. Quelques branchements et le voici qui s?élance pour un set qui s?écoulera pendant près d?une heure et demie. Il présente ainsi des chansons piochées dans l?ensemble de ses différents projets. Bien entendu, on retrouve des morceaux qui figurent sur son dernier opus live : Livin? Small, Bitte Ein Kuss, Smile, Crush On Everyone et son solo électronique digne de R2D2?
Tout au long de sa prestation, il crée une proximité avec son public, parlant beaucoup avec lui, commentant en cours de route ses textes, expliquant les comment et pourquoi de sa création, essayant d?y intégrer le peu de français qu?il connaît, ponctuant de nombreux et charmants « merci, très beaucoup ». Autant d?éléments qui mettent dans de très bonnes dispositions mais qui ne doivent pas faire non plus perdre de vue, le talent d?écriture de Jonah Matranga. Car celui-ci manie la plume avec sensibilité et une certaine naïveté qui mettent toujours en relief une voix sans pareil.
On accroche à ce personnage très attachant qui arrivent à faire chanter l?ensemble du public (cent à cent-cinquante personnes), le temps de Lukewarm, Bury White ou Man Overboard, perdant définitivement ses derniers blocages ou ses tics poseurs. Matranga aime aussi parfois s?éloigner du micro pour plonger son auditoire dans un silence attentif quasi religieux. Encore sous l?émoi du magnifique Stay, il revient faire quelques titres en rappel, laissant le choix aux spectateurs. Ainsi défilent entre autres 14-41, l?incontournable Mother Mary, pour finir sur un titre a capella qui nous prouve que parfois il ne faut rien de plus.
Jonah Matranga en restant simple, accessible et tout bêtement humain, s?assure un public fidèle et présente des shows comme on aimerait en voir plus souvent. A bon entendeur?