On a aussi écouté Askehoug – La Rivière

Askehoug poursuit une brillante carrière solo, égrenant les albums dans lesquels il explore un rock à l’élégance subtilement distanciée. Avec « La Rivière », il approfondit encore son univers ambivalent, tout en légèreté et tension.

Le disque trouve ainsi son équilibre entre une poésie touchante et une vision décalée où l’humour le dispute aux constats sociétaux. « La Rivière », si elle contient toujours ces petites bombes soniques et ultra-mélodiques dont Askehoug a décidément le secret, charrie de magnifiques chansons planantes, aux intonations presque trip-hop et dépressives.

L’album semble se promener dans les débris d’une époque singulièrement secouée et déroutante. Oscillant entre joie et tristesse infinie, énergie débridée et plongée neurasthénique. C’est dans ce décor d’un monde en mutation-destruction qu’il s’épanouit, et qu’il livre ses fulgurances mi- (sur)réalistes mi- désabusées.

C’est peut-être le disque le plus dense qu’Askehoug ait gravé jusque-là ; dans la lignée de ses prédécesseurs certes, mais avec une étincelle en plus. Une profondeur de champ donnant aux chansons, même les plus rythmées, une couleur plus intense et sensible.