Bancal Chéri est un supergroupe dont l’existence n’est pas un prétexte, la récréation d’artistes en mal de projet personnel. C’est même l’exact contraire. La réunion de Roland Bourbon, Nicolas Jules, Imbert Imbert et Dimoné n’obéit pas à cette parenthèse souvent si décevante.

Elle incarne la quintessence de talents chevronnés et d’imaginations brillantes, qui ensemble définissent un univers à la cohérence parfaite. Le quatuor déploie une énergie dévastatrice – on imagine le feu sur scène – qui emporte un bon nombre de mauvais sentiments et de constats édifiants sur l’époque. Sans jamais céder à l’amertume. Comme si le groupe refusait l’évidence, et la détournait de son cours.

Lucide sur l’étranglement de la diversité culturelle, Bancal Chéri préfère envoyer un post-rock brutal et sensible qui contamine tous ceux qui le rencontre. La sauvagerie du propos musical s’incarne aussi dans une rugosité toute désertique et puissamment bluesy. Une poésie forte et décalée rappelant que la musique indé est devenue une affaire d’indiens. Menacés mais tellement beaux et libres.

 

• Publication 743 vues6 décembre 2022
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