On a aussi écouté Batsükh Dorj – Ögbelerim – Music for my Ancestors

Batsükh Dorj est originaire de l’ouest de la Mongolie. Il pratique le chant diphonique Touva. Aux côtés de Johanni Curtet, ethnomusicologue et musicien, il offre avec cet album une fascinante plongée dans une culture a priori éloignée de la tradition occidentale.

Si le disque est une somptueuse exposition des traditions Touvas, il permet également à Batsükh Dorj de montrer à quel point la musique ancestrale qu’il maîtrise – il est également luthier et compositeur – peut devenir une expression universelle. Toute la pratique et l’imaginaire d’une musique ancrée dans un territoire hors-norme est ainsi projetée dans une interprétation renouvelée, résonnant comme un véritable blues, ou de la musique folk.

Le résultat de cette rencontre est vertigineux, et change imperceptiblement la perception que l’on a, ici, de la musique. D’abord parce que cette relecture des traditions mongoles tend un miroir saisissant à nos pratiques musicales les plus modernes. A ce qu’elles ont pu devenir parfois en Occident, à savoir une simple industrie peu encline à l’enracinement et à la compréhension de fond. La dimension culturelle de la musique, et sa fonction, – se sont effacée peu à peu au profit d’un savoir-faire purement mercantile. Avec « Ögbelerim » elle retrouve tout son sens, sa portée et sa poésie profonde.

Ensuite, en ouvrant sa musique à un regard extérieur, Batsükh Dorj la propulse dans un dialogue forcément bouleversant pour elle. Ouverte sur le monde, sans travestir ses fondements, elle expose sa mystérieuse singularité, mais aussi sa proximité avec les autres traditions. Dans un échange salutaire et passionnant.