On a aussi écouté Bertrand Betsch – Kit de Survie en Milieu Hostile

Ce nouvel album de Bertrand Betsch est, c’est une évidence, l’une des plus belles pièces d’un répertoire qui pourtant n’en manque pas.

Celui où l’équilibre entre la musique et les textes est le plus abouti. Les paroles singulièrement ciselées font corps comme jamais avec des compositions particulièrement belles. Mélodies transcendées par des arrangements à la délicatesse renversante – portés notamment par la violoniste Salomé Perli -, ombragées parfois par une électro discrète.

Si Bertrand Betsch a longtemps cultivé un mélange désespéré de lucidité abrasive et d’humour noir, il révèle ici, plus directement, une humanité profonde. Une sensibilité moins versée dans l’ironie qu’à fleur de peau. Comme si le disque tenait d’un bilan, doux et bienvaillant. Sans rien retrancher de la poésie au ras de l’existence, de ses failles et défaites, qui a toujours traversé ses chansons.

Il en résulte un album à très haute valeur humaniste, prenant l’époque à son propre piège cynique. En convoquant des figures littéraires, et en les incoporant dans ses propres mots, Bertrand Betsch parvient à affiner encore un peu plus sa vision d’un monde ravagé par le matérialisme. Sans jamais sombrer dans le syndrome – très français – de la chanson lourdement engagée.

Même si la politique est partout dans ce « Kit de Survie en Milieu Hostile », mais si justement mêlée à une poétique sublime où l’amour explose d’une chanson l’autre. Ce qu’expose ainsi Bertrand Betsch ce n’est pas le repli, l’indifférence aux malheurs, c’est plutôt l’acceptation de ses renoncements et de ses défauts, dans un mouvement quasi extatique vers la beauté. Et c’est bouleversant.