On a aussi écouté Complot – Dickinson
Complot – ancien et culte Complot Bronswick – a l’habitude, tout au long d’une carrière à l’exceptionnelle intégrité, de mêler sa new wave cérébrale à la poésie. Pour son nouvel album, le désormais duo s’est plongé dans le monde d’Emily Dickinson et a posé, sur des fragments de ses textes, des compositions dont la charge mélancolique est saisissante.
On sait à quel point la mort plane sur cette oeuvre poétique colossale. Complot est parvenu à restituer la profondeur et la complexité d’une écriture marquée au fer rouge par la douleur et l’enfermement. Mais pour mieux en souligner la sombre beauté, la désespérante lucidité. La musique de Complot, tout à la fois minimaliste et très dense, éclaire les failles bouleversantes d’une vie de recluse, entièrement vouée à la poésie.
Il y a quelque chose de cet enfermement essentiel dans ces compositions, moins strictement new wave qu’avant-gardiste à présent. Des esquisses sublimes, qui se dévoilent doucement au fil des écoutes. Et qui révèlent alors des trésors soniques. A l’instar de poèmes qui, loin de se complaire dans une noirceur abrupte, sont chargés de mille et une nuances et d’une ironie mordante ; révélant une personnalité incroyablement riche, en dépit de son immobilisme apparent.
« Dickinson » offre un somptueux voyage musical où règnent la mort et la maladie, comme ce froid que Complot connaît bien, pour l’avoir si souvent exploré. Cependant, la beauté tragique du disque vient aussi de sa compréhension fine de textes qui dessinaient, bien au delà du malheur attendu, un « continent inexploré ». Ce territoire intérieur d’une beauté intacte, qu’elle rejoignait sans cesse, et dont Complot nous livre une magnifique vision.
- Publication 3 256 vues18 novembre 2024
- Tags ComplotMay I Records
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