Là où Paul Winslow compose une « space-pop », toute empreinte d’un psychédélisme connecté aux chef d’œuvres de Brian Wilson, Dopium No Dopium – derrière lequel se cache le parisien – développe une musique plus facile d’accès. La perfection mélodique et harmonique, signature du musicien, est ici au service d’une vision plus « dance music ». On pourrait écrire « plus légère », mais cela n’éclaire pas totalement un « Spacy Story » bien plus complexe qu’il n’y paraît, aux confins de la pop ouvragée et de l’électronique.

Prenant le contre-pied d’une époque où les facilités techniques oblitèrent, voire abîment, les talents purs, Dopium No Podium démontre brillamment que la composition est un art. Et qu’une belle et bonne chanson cela s’écrit. Paul Winslow est orfèvre en la matière et impressionne par sa maîtrise d’une musique populaire cultivée, sans contrainte – passant allégrement d’un funk blanc très « french touch », à des rythmiques hip-hop oldschool, à une ritournelle implacable en français.

On se plait à penser que Dopium No Podium tutoie Phoenix, et tout ce que la pop électronique a pu produire de remarquable ces dernières années. Sauf que Paul Winslow lui injecte, en plus, son génie sonique. Donnant à ses chansons synthétiques un supplément d’âme et d’inventivité qui a parfois pu faire défaut aux Daft Punk, en dépit de moyens délirants.

« Space Story » est un disque époustouflant, dont la sortie confidentielle est inversement proportionnelle à son importance. Concentré saisissant d’une électro-pop euphorisante, il défriche une quantité impressionnante de chemins musicaux, des plus lumineux aux plus sombres, à la manière d’un Metronomy en mode solitaire. Confirmant le talent inouï d’un musicien qui a sa place aux côtés des songwriters les plus libres et  brillants de sa génération.

 

• Publication 1 042 vues1 juillet 2020
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