On a aussi écouté François Audrain – Melancholia
Fidèle à son univers exigeant, où la musique se déploie dans de vastes ensembles visuels et poétiques, François Audrain livre avec « Melancholia » son 5ème album. Concentré de rock abrasif, il plonge dans les plis et replis d’un monde disparu, en voie de disparition. Ce monde industriel qui ressemble de plus en plus aux stigmates d’une époque révolue, à la fois profondément douloureuse et étrangement heureuse.
François Audrain en livre une spectaculaire évocation, pleine de fureur électrique, de scories électro et de douceur ambivalente. Comme le décor en lambeaux qui nous reste de siècles littéralement façonnés par une technologie toute puissante. Il y a dans « Melancholia » toute la violence, les espoirs, les failles – qui deviendront les plaies béantes – d’une économie qui finira par dévorer des générations.
Le musicien en dresse un portrait d’une très grande subtilité, d’une grande humanité, qu’il projette dans des compositions orageuses, dont la fièvre rappelle l’extrême dureté d’un temps révolu sans doute, mais qui subsiste pourtant dans les mémoires, et les paysages.
Sa musique, comme ses textes, embrassent le tragique absolu de l’asservissement de l’homme – et des enfants – aux machines naissantes et triomphantes. « Melancholia » interroge, ce faisant, le rapport que l’on tisse avec le progrès ; ce que l’on est prêt à endurer, à faire endurer, pour son avènement sans mesure. Quand, aveugle sur son pouvoir destructeur, il brouille les frontières entre amélioration des conditions de vie et inhumanité rampante.
A l’instar d’Olivier Depardon ou d’Alexandre Varlet, François Andrain fait résonner le rock avec l’intelligence. La poésie avec l’incandescance. Et c’est à tomber par terre.
- Publication 932 vues9 septembre 2024
- Tags François AudrainAutoproduction
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