On a aussi écouté Gwendoline – Après c’est gobelet !
Lancé, selon ses créateurs, presque comme une boutade, Gwendoline a visé juste. Machine défaitiste et dévastatrice, propulsée par une cold-wave sacrément bien fichue, le groupe s’est immédiatement connecté – et sans peut-être en avoir conscience – sur un courant alternatif puissant.
Au point de poursuivre l’histoire commencé par Taxi Girl. Celle d’une fatigue quasi existentielle qui explose à la figure d’une époque qui ne s’y attendait pas forcément. Or, on le sait, la subversion absolue est dans la vérité. Il suffit de dire très exactement ce que l’on pense, pour tout faire dérailler. Aucune trace de retenue, aucune censure. Les paroles de Gwendoline font l’effet d’une dérouillée mettant la société face à elle-même.
Le désespoir est palpable, tellement qu’il finit par faire sourire. Accessoirement cela sauve le disque de la caricature, et lui donne une pertinence qu’il n’aurait pas eu sans ce pas de côté. Le constat établi tout au long de l’album n’en est que plus brillant.
« Après c’est gobelet » éclaire cruellement les angles morts d’une époque qui se croyait, il n’y a pas si longtemps encore, invincible. On le devine confusément : l’individualisme forcené est mort sous nos yeux, en l’espace de quelques années. Laissant toute une génération – population ? – sur le sable, au sens propre comme au sens figuré. Appauvrie, politiquement abîmée, écartelée entre des visions et des aspirations contradictoires.
L’ultra-noirceur de Gwendoline se pose alors sur ce terrain devenu terriblement mouvant, avec une violence et lucidité que l’on aimerait salvatrice.
Après les épidémies, après les menaces de guerre totale qui planent à nouveau sur le monde, après les crises économiques et climatiques, il y aura toujours un gobelet à attraper. La fin du monde de Gwendoline s’ouvre forcément sur une renaissance. Et le disque s’en trouve littéralement transcendé.
- Publication 813 vues26 janvier 2022
- Tags GwendolineDead Wax Records
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