On a aussi écouté Henry – Henry

Pour son premier album Henry vise terriblement juste. En plein dans le mille d’un rock abrasif et sensible. Et dans un parfait équilibre entre poésie et rugosité contenue.

Cet art-rock touche infiniment, bien ancré dans cette vision d’une musique sculptée dans la dureté de l’existence, mais qui ne cède jamais à la complaisance. Elégant jusqu’aux confins de la souffrance, résonnant de cette profondeur que l’on retrouve chez les grands brûlés du rock indé nord-américain, de Mark Lanegan à Jason Molina. Avec cette grâce proche de PJ Harvey, celle des débuts, quand le minimalisme dissimulait une immense sensibilité. Ou cette impossibilité d’être au monde, sans en percevoir la noirceur dévastatrice.

Henry – se – sauve du désespoir par cette touche délicate, cette connection avec la beauté impalpable des choses. Et par ce rapport aussi à l’enfance, à l’innocence qui infusent la violence d’un rock sombre et mélancolique. Il n’en est que plus touchant. Poignant même, chargé qu’il est d’une force poétique, finalement rare dans le rock. Sa déclaration d’amour au Velvet Underground éclaire également la somptueuse ambition artistique d’un album taillé pour défier le temps.

« Henry » va nous accompagner – très – longtemps, compagnon déjà précieux de nos blessures.