"> Jean-Philippe Goude - Le Salon Noir - Indiepoprock

On a aussi écouté Jean-Philippe Goude – Le Salon Noir

Jean-Philippe Goude se joue depuis toujours de l’opposition entre musique populaire et savante. Un processus créatif qui ressemble à un fascinant voyage au coeur de la musique, et de tous ses possibles. Prodigieux compositeur, décloisonnant les espaces entre pop, jazz, rock et musique contemporaine la plus pointue, il offre aujourd’hui avec « Le Salon Noir » une extraordinaire plongée dans un océan musical, impressionnant et bouleversant.

Un disque qui s’impose comme la bande-son de toute une existence, laissant des traces indélébiles dans l’esprit de tous ceux qui l’écouteront. Peut-être parce qu’il arrive à ce moment si intense et dangereux de notre humanité, comme le miroir de toutes les blessures et de toutes les questions.

En reliant son album aux mystères de la grotte de Marsoulas – site d’art pariétal exceptionnel où fut découvert une conque, considérée désormais comme un instrument de musique, ayant résonné il y a 18 000 dans ce lieu à l’aura vertigineux – Jean-Philippe Goude a clairement voulu porter sa musique à hauteur métaphysique.

C’est donc un peu plus que de la musique que l’on écoute ici. Pénétrer dans le « Salon Noir », c’est toucher du doigt un fragment d’infini, et d’éternité. A l’échelle de la résonance primitive d’une conque dont les premiers échos ont, qui sait, précipité tout un monde dans une quête artistique et spirituelle jamais rassasiée ; à l’image, au fond, de notre périple commun depuis la nuit des temps.

Toute résonne dans ce double album également, de la voix cosmique du contre-ténor Paulin Bündgen, aux cordes en somptueux déluge, jusqu’au souffle cinématographique d’un bout à l’autre. Une musique qui met, au sens propre, à l’arrêt. Nous poussant à l’introspection, à la contemplation. A se poser, puis à commencer ce voyage en soi, avant d’aller encore un peu plus loin, et d’ouvrir sa conscience à cette résonance antédiluvienne, à ce son qui traverse l’humanité depuis son origine.

Le plus bouleversant est de comprendre que ce son-là est née dans les profondeurs de la terre. Dans l’obscurité, et qu’il a pourtant allumé, en nous, la plus brillante et la plus essentielle des lumières. Celle de l’art.

Yan
Chroniqueur