On a aussi écouté Kicking the Habit – Self Sabotage

Kicking the Habit réunit Renée Clancy – Kicking – et Marc-Antoine Sei, autour desquels se joignent Etienne Gaillochet, Sean Kirkpatrick et Claire Feltz.

On est immédiatement happé par ce rock indé qui semble avoir fusionné le génie mélancolique de Broadcast et la puissante énergie mélodique de Swell – mais est-ce étonnant ? -. Tout le disque oscille ainsi entre merveilles de pop barrée et fulgurances électriques à l’aridité poignante. « Self Sabotage » explore, comme son nom l’indique, tout ce qui peut entraîner par le fond, précipiter sa destruction. C’est le versant sombre du disque, infiniment touchant, porté par la voix extraordinaire de Renée Clancy.

Cette noirceur se mêle cependant à la beauté de mélodies et d’arrangements somptueux, qui propulsent Kicking the Habit au sommet d’un rock à la classe foudroyante. Un album qui se promène, si élégamment, d’un état d’âme à l’autre, déversant des ambiances tour à tour apaisantes ou inquiétantes. Et devient vite addictif, somme de sublimes reminiscences – le rock indé des années 90 a produit des chefs d’oeuvres inoubliables – et d’une identité singulière très forte. Un monde musical à cheval entre ombres et lumières, planant et éruptif. Parfait concentré de fureurs et de de délices.

Les deux reprises que Kicking the Habit s’approprient – « Halo » de Depeche Mode et « Au Début » de Mendelson – en disent long sur ses intentions. Entre perfection mélodique et embardée anti-pop. Sur cette ligne de crête, les franco-américains ont construit leur univers. Dont on imagine mal qu’il ne s’inscrive pas dans la durée. Loin, très loin, d’une mauvaise habitude.