"> Le Grand Mal - Boule à Facettes - Indiepoprock

On a aussi écouté Le Grand Mal – Boule à Facettes

« Boule à Facettes » est le projet artistique global imaginé par Julia Lopez, aka Le Grand Mal, en collaboration avec le beatmaker Lebannen. A la fois album et film, il décloisonne les arts et les genres musicaux, en dessinant les contours d’une pensée puissante et blessée.

Une pensée qui s’incarne dans une électro-pop ayant pris le large, nourrie de rap ; et dans des paroles saisissantes, d’une rare densité. Si « Boule à Facettes » est née dans les méandres d’une hospitalisation, que la musicienne a réussi a transcendé, il s’impose pour ce qu’il est. Un disque novateur et fascinant, indépendamment de sa génèse psychiatrique.

Il éclaire une artiste singulière, pour qui la création est le point d’équilibre trouvé pour affronter le réel, à défaut de guérir. Puisque le trouble est devenu la solution, la porte ouverte sur un univers étrange, onirique, festif et inquiétant. Propulsé par les productions subtiles, aux limites de l’abstract hip hop, de Lebannen, il semble s’étendre au fil des textes de Julia Lopez, comme la cartographie d’un esprit en surchauffe créative.

« Boule à Facettes », s’il conte le beau combat d’une personne contre la fragilité psychique, pose aussi les bases d’un avenir possible pour la musique indépendante française. Dans lequel l’électro, le rap, la chanson, sont à ce point imbriqués qu’ils créent ici une nouvelle incarnation.  Le son d’une génération numérique riche de toutes les influences. Sans exclusive.

L’esprit sans cloison de Julia Lopez était sans doute bien placé pour capter cet instant où toutes les pratiques se redéfinissent. Laissant présager de nouveaux sons, de nouvelles esthétiques.

Alors que le déferlement technologique et son infinité de représentations virtuelles disloquent de manière de plus en évidente les fondements d’une réalité univoque, il est urgent de concevoir des expressions artistiques à la hauteur de ces changements. « Boules à Facette », et son film aux confins de l’art et du documentaire, s’inscrit brillamment dans cette nécessité.

Yan
Chroniqueur