"> Les Mercuriales - Les Choses M'échappent - Indiepoprock

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Autour de l’écrivain Jean-Pierre Montal se sont réunis des musiciens versés dans le rock brutaliste. Viscéralement urbain, le disque a la noirceur d’un polar, et le goût de l’asphalte. Les Mercuriales, comme les tours de Bagnolet, sont ancrés dans le murmure obsédant du Grand Paris. Nocturne, quasiment free, le disque déroule une musique abrasive, à la frontalité massive qui rappelle immanquablement Lou Reed, quelque part entre la radicalité totale de son « Metal Machine Music » et le dépouillement de son fabuleux « New York ».

« Les Choses M’échappent » oscille, dans sa brutalité, entre ces deux pôles, ultra-incisif et littéraire. Son austérité, à l’instar des tours jumelles, brille de toute sa hauteur de vue. Il enchaîne les constats lucides, froids comme la mort, mais terriblement beaux. Hypnotique et furieux, le disque tranche net dans un décor trop lisse et délivre ses chansons aux allures de nouvelles, porté par une énergie paradoxale. Pleine de mélancolie, d’une certaine amertume, et d’un regard noir sur  un monde qui ne cesse plus de muter.

En 6 chansons, Les Mercuriales façonnent un univers où s’agitent les soubresauts et les excès de l’époque, les perditions intimes et une forme de nonchalance révoltée. Révolte intériorisée qui s’impose comme l’une des plus classieuces réponses à l’usure étrange qui ronge les certitudes contemporaines. Car l’album n’est pas qu’une déflagration intense, il est aussi superbement introspectif, et d’une profondeur poétique saisissante.

Yan
Chroniqueur